Le mystère de l'épave du Leusden : la plus grande catastrophe humaine de la traite négrière

Une campagne de prospection a débuté à la mi septembre et vient de s’achever. Des milliers de données récoltées vont être analysées soigneusement, pour déterminer une zone encore plus précise, afin de localiser l’épave du Leusden. 
A l’embouchure du Maroni, à  la frontière entre la Guyane et le Suriname s’est produite l’une des plus grandes tragédies maritimes qui ait émaillé l’histoire des échanges négriers à travers l’Atlantique. Les 1er et 2 janvier 1738, le Leusden, un navire négrier arrivant du Ghana, avec à son bord 680 esclaves, heurte un banc de sable et sombre dans les eaux, au larges des  côtes d’Awala Yalimapo. Une tragédie mis en lumière par le Dr Léo Balai dans sa thèse de doctorat. Il est historien surinamo hollandais et professeur à l’université d’Amsterdam. Léo Balai en a même  publié un livre en 2013, "The Slave Ship Leusden". L’histoire de ce navire esclavagiste est passée presque totalement inaperçue. Pourtant, cette histoire est considérée comme le plus grand meurtre de la traite négrière. Seuls 16 esclaves ont survécu au naufrage. Michel Lhour est archéologue, cette histoire l’interpelle. Avec l’université d’Amsterdam, il décide de partir à la recherche de l’épave de ce navire,  Probable tombeau de sa cargaison humaine.
Michel Lhour, archéologue, directeur du département de recherches archéologiques subaquatiques et sous marines (Drassm) :

"Il amène des esclaves pour les vendre à Paramaribo. Il a 700 hommes à bord, ils vont fermer les panneaux de cale où sont entassés les esclaves, ils les clouent et ils vont attendre que le bateau se disloque. La cale se remplit d'eau et l'équipage attend que tout le monde soit noyé. Ce naufrage du Leusden, est probablement la plus grande catastrophe en vies humaines, de l'histoire du commerce de l'Atlantique et du commerce triangulaire."

D’après les archives, une zone située au large d’Awala Yalimapo est donc ciblée. Les chercheurs vont quadriller cette  zone pour analyser son champ magnétique.
Denis Degez, responsable des prospections géo physiques au Drassm :

"On va déployer un magnétomètre, c'est un appareil qui mesure en permanence le champ magnétique terrestre et du même coup il va repérer ce qui cause des anomalies sur ce fameux champ magnétique, et les anomalies que l'on recherche ce sont typiquement des masses metalliques, des masses de fer."

Les recherches en mer sont difficiles. Les eaux sont boueuses, et les bancs de sables nombreux. L’équipe teste alors pour la première fois un magnéto mètre embarqué sur un drone qui survole la zone via un programme de pilotage automatique quadrillant tout l’espace et les données sont enregistrées en temps réel.
Emmanuel Berry, Responsable opérations de plongée, Télépilote pour le Drassm :

"On a un logiciel de traitement qui va avec le système d'enregistrement, et ensuite il va nous sortir une carte de la zone que l'on a couverte avec tous les endroits où il y a des zones ciblées." 

Et ces anomalies peuvent  révéler la présence dans le champ magnétique d’une grosse masse métallique. Au delà de la recherche scientifique, cette découverte intéresse surtout  les archéologues et les historiens.
Michel Hanblin, service régional de l'archéologie de la Dac Guyane :

"C'est une question que l'on aborde dans les cours qui sont donnés à la faculté avce les licences 1, 2 et 3."

Jirzy Gawronski, archéologue , professeur d'archéologie à l'université d'Amsterdam :

"C'est plutot un intérèt humain, pour indiquer un endroit où il a eu ce désastre, parce que ce n'est pas seulement un naufrage, c'est surtout un masssacre."

Les recherches confirment une anomalie au cœur même  de la zone potentielle de l’échouage. Mais à ce stade,  il est impossible  d’émettre la moindre hypothèse. Les chercheurs repartent avec les données récoltées pour les analyser minutieusement.
©Maeva, Myriam Ponet / Eric Léon