"Fany" c’est le prénom donné à Amia lorsqu’elle commence sa scolarité à l’école primaire de Grand Santi. Jusqu’à présent cette enfant bushiningué n’a connu que la vie au campou, rythmée par les saisons, et les crues du fleuve. Elle évolue au sein d’une grande famille mais ne connaît pas ses parents. Fany est le fruit d’une histoire d’amour contrariée. Sa quête identitaire est en toile de fond du récit.
La vie sur le fleuve
Fany est le personnage central de ce roman aux multiples ramifications paru chez l'Harmattan. Il retrace la vie de cette jeune enfant du fleuve, jusqu’à sa dernière année au lycée. Ses problèmes d’apprentissage, d’adaptation dans un milieu scolaire, dont elle découvre le cadre. Son histoire est aussi un prétexte pour découvrir la vie des gens du fleuve, leur système de pensée et d’organisation puissamment influencé par la coutume.
Un lecteur en immersion
L’atmosphère des rives du Maroni, de Grand-Santi à Albina, de Paramaribo à Saint- Laurent est extrêmement bien restituée. Frédérique Vaillant Pessina entraîne le lecteur en immersion dans une société écartelée entre le Surinam et la France. Fany a un passeport surinamais mais effectue toute son cursus scolaire côté français. Elle passe d’une rive à l’autre sans se poser de questions. Elle sait ce qu’elle ne veut pas. Au gré de ses rencontres, elle dessine son futur.
Explosion des sens
Le roman va vite, les chapitres se succèdent, une explosion de mots, de couleurs, de descriptions presque photographiques. L’écriture est fluide, tantôt à la 1ere ou à la 3 -ème personne. Un roman choral, décliné en chapitres correspondant à une période de la vie de l’héroïne, racontée par d’autres personnages ou mettant en scène des circonstances.
Une auteure inspirée
Frédérique Vaillant Pessina l’auteur a vécu plusieurs années sur le fleuve. Cette expérience a nourri cette intrigue.
MCT : Pourquoi avoir écrit ce récit, c’est du vécu ? Avez-vous rencontré une Fany ?
FVP : J'ai vécu et fondé ma famille sur le fleuve, à Grand-Santi. L'histoire de Fany, de Stefano pourrait être celle des neveux, des nièces de mon mari, de mes fils adoptifs ou de beaucoup de mes anciens élèves. Cette indépendance, cette force de vie, depuis toute petite que l'on retrouve chez Fany, elle m'avait particulièrement marquée chez Stéphanie. Au fur et à mesure que je les voyais grandir, elle, et les jeunes de son âge, j'ai pensé que cela mériterait d'être au cœur d'un roman.
MCT : Vous avez vécu sur le fleuve, votre livre est très détaillé, qu’est-ce qui vous a inspiré ?
FVP : Lorsque je suis partie de Grand-Santi, j'ai concrétisé ce projet. Je voulais aussi ne pas oublier tout ce que j'avais pu percevoir et comprendre: ce fleuve incroyable, les gens que j'y ai rencontré.
MCT : L’histoire est très touchante, il y a beaucoup de sensibilité, en tant qu’auteur partager ces émotions c’était important pour vous ?
FVP : Oui. Je voulais dire que même si chaque personne, chaque société les expriment différemment, la nécessité de se lier les uns aux autres, de partager des émotions est universelle.
MCT : Il y a-t-il un message sous-jacent que vous voulez faire passer avec Fany , avec cette histoire ?
FVP : On retient de l'ouest guyanais, bien souvent, les difficultés que rencontre sa jeunesse. Par ce roman, je voudrais aussi faire passer du fleuve et de ses habitants l'image d'une société en plein renouvellement et qui a les ressources pour se réinventer.
MCT : Votre actualité ?
FVP : J'espère pouvoir maintenant faire vivre mon roman, qu'il soit lu notamment par des jeunes et connaître leur ressenti.