Octobre rose : Bernadine, 72 ans : « Le cancer nous a rapprochés »

Bernadine Torvic "survivante" du cancer du sein
A 72 ans, Bernadine Torvic est « une survivante » du cancer du sein. Diagnostiquée il y a quatre ans, cette habitante de Macouria a fait face à la maladie armée du soutien de sa famille. Témoignage.

« Ce n’est rien ! Juste un petit kyste. » Cette phrase, prononcée par un médecin généraliste, Bernadine Torvic ne l’a pas oubliée. À l’époque, elle va le consulter parce qu’elle souffre d’une démangeaison au sein droit. « Mais ça ne passait pas, se souvient-elle. Alors, je suis allée voir mon médecin traitant… » Les choses s’enchaînent alors très vite pour cette femme de ménage, mère de 9 enfants : radio, biopsie… Avant l’appel fatidique. « Mon médecin m’a appelée pour me dire de venir le voir, mais de me faire accompagner. »

À ce moment, personne n’emploie le mot « cancer ». Bernadine, cependant, sait d’instinct que l’annonce va être grave. « J’y suis allée avec ma plus jeune fille, Larissa, qui avait 32 ans à l’époque. Le médecin m’a dit, « ne vous inquiétez pas, ça va bien se passer » et il a parlé à ma fille. Il lui a dit « votre mère à un cancer ». Alors, je me suis mise à pleurer. »

« J’avais peur tout le temps »

L’angoisse est d’autant plus forte que le cancer, Bernadine l’a déjà vu rôder parmi son entourage. « Mon petit frère est parti comme ça et j’ai un autre frère qui est actuellement touché… » Bernadine aurait pu être soignée en Guyane, mais son entourage préfère qu’elle soit traitée dans l’Hexagone, en partie parce que certains de ses enfants y résident. « J’avais peur, tout le temps. Je me demandais comment ça allait se passer. Si j’allais guérir… Mais je n’en parlais pas aux enfants, je ne voulais pas les inquiéter. » Ses enfants, comme son mari Isidore seront ses premiers soutiens dans cette épreuve. Mais elle pourra aussi compter sur un appui inattendu. « J’avais déjà vu Catherine Fataccy à la télé, mais je ne la connaissais pas quand elle est venue vers moi. Et même quand je suis arrivée en France pour me faire soigner, elle avait déjà prévenu des personnes pour m’accueillir. » La présidente de l’association Awono La'a Yana ne cessera de l’encourager, durant tout le traitement, et encore aujourd’hui.

« Mes cheveux sur l’oreiller… »

Dans l’Hexagone, Bernadine subit une ablation partielle puis des séances de radiothérapie. « Dès le début, j’ai demandé si on allait m’enlever le sein. Heureusement, ça n’a pas été le cas. Et j’ai de la chance : malgré l’opération, je n’ai jamais eu mal. »

Maquillée légèrement, vêtue d’une robe en wax pimpante, Bernadine a tout de la femme coquette. Au moment où nous nous rencontrons, elle arbore une coupe très courte. Un changement de taille par rapport à celle qu’elle était il y a encore quatre ans. « Mes cheveux m’arrivaient aux épaules avant. Mais durant le traitement, je retrouvais mes cheveux sur l’oreiller lorsque je me réveillais. Alors je pleurais, je pleurais… » Sa chevelure finira par repousser, mais, entre-temps, Bernadine s’est habituée « et puis il fait trop chaud ! Je préfère les couper ! » lâche-t-elle en riant.

De cette épreuve, tout l’entourage de Bernadine est ressorti plus fort. « Ça nous a rapprochés encore plus, avec les enfants » reconnaît-elle. Fière de sa grande famille – 9 enfants, 17 petits-enfants et 2 arrière-petits-enfants – elle insiste :

Octobre rose : témoignage de Bernadine

« Si je devais donner un conseil aux personnes touchées, ce serait de s’encourager, de se donner la main. Avoir un cancer, ce n’est pas facile, surtout pour les enfants. Moi, j’ai eu beaucoup de soutien, de la part de mon mari, de mes enfants et de Catherine Fataccy qui fait vraiment beaucoup pour nous et pour les enfants malades. »