Orpaillage illégal : le mercure toujours en vente libre au Surinam

La pollution au mercure par l’orpaillage clandestin est un problème de santé publique dans certaines parties de la Guyane, notamment les villages amérindiens du Haut Maroni. Ce métal toxique est interdit depuis 2006 dans l’orpaillage en Guyane.Les orpailleurs illégaux l’achètent donc au Surinam, où il est en vente libre, sans contrôle. Pourtant, le Surinam a ratifié en 2018 la Convention de Minamata, qui vise l’abandon progressif de l’usage de mercure partout dans le monde

Quatre ans après la ratification de la convention de Minamata au Surinam, la vente de Mercure est-elle contrôlée sur la rive surinamaise du Maroni?

En caméra cachée, samedi dernier, nous nous sommes rendus chez un commerçant, à Niew Albina 2, en face de Maripasoula. Aucun problème pour acheter le métal toxique : 300 grammes pour 50 euros. Il n’y a pas de contrôle de l’acheteur, ni de la transaction. Aucune trace n’est laissée, dans un registre par exemple. Le produit est pesé sur une balance électronique, directement sur le comptoir : ni vu ni connu.

Des tonnes de mercure introduites illégalement en Guyane

Des tonnes de mercure entrent chaque année illégalement en Guyane, territoire où ce produit est interdit dans l’orpaillage depuis 2006. Les clandestins l’utilisent pour séparer l’or des minerais : pour « récupérer 1 kg d’or, il faut utiliser 1kg de mercure, le plus souvent intégralement rejeté dans la nature. Depuis 2016, les autorités en ont saisi plus de 700 kgs dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage illégal. Le pays d’origine est toujours le même explique le Lieutenant-Colonel Jean-Paul De Azevedo , chef des opérations Harpie à la gendarmerie : "... selon nos constatations, le mercure vient exclusivement du Surinam... Son origine c'est la Chine , puis des comptoirs surinamais il est vendu pour les sites d'orpaillage illégaux français..."

En 2018, le Surinam a ratifié la convention de Minamata, placée sous l’égide des Nations Unies. L’objectif de cette convention est l’abandon progressif de l’usage du mercure, partout dans le monde. Grâce au processus lancé par cette ratification, on sait désormais que 80 tonnes de mercure sont déversées chaque année dans la nature au Surinam. En revanche, selon le WWF (Word Wild life Fund), quasiment rien n’a été fait dans ce pays pour contrôler son commerce.

Depuis vingt-cinq ans, la pollution au mercure a été identifiée comme un problème de santé publique dans les villages amérindiens du Haut Maroni. Plus de la moitié de ses habitants présentent un taux d’imprégnation mercurielle supérieur aux normes de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ce qui peut entraîner notamment des atteintes neurologiques.