À Grand Santi, Maripasoula et Papaïchton, l'enclavement renforcé par la sécheresse

Le Maroni presqu'à sec à Grand Santi - Images de 2020
Dans les communes du Haut Maroni, les habitants ne cessent de lancer des alertes. Déjà affectés par une crise du transport aérien, ils sont aujourd’hui confrontés à la sécheresse. Parmi les conséquences : des difficultés à naviguer sur les fleuves pour se déplacer. Les habitants se sentent plus abandonnés que jamais.

Peu d'avions dans les airs, peu de pirogues sur le fleuve... Les habitants de Maripasoula, Grand Santi et Papaïchton se retrouvent particulièrement isolés.

Des voyages dangereux et coûteux

À la crise du transport aérien provoquée par la liquidation d'Air Guyane, s'ajoute la sécheresse, qui empêche les pirogues de circuler en toute sécurité. Selon le maire de Grand Santi, Félix Dada, au moins quatre accidents de pirogue ont été recensés depuis le début de la période de sécheresse.

Les piroguiers en difficultés par le niveau bas de l'eau ©Vidéos amateurs

"Depuis la sécheresse, les pirogues taxi, au lieu de transporter 18 personnes, en transportent 12", ajoute l'élu de Grand Santi.

Et de poursuivre : "En plus, les prix ont flambé en passant de 50 euros à 70 euros, certains demandent même 80 euros pour se rendre à Saint-Laurent du Maroni. C'est très compliqué !"

Je ne parle même pas de tout ce qui permet de vivre : les bouteilles de gaz, les aliments... C'est très compliqué, parce que maintenant, c'est deux euros par kilo pour la pirogue. Cela coûte très cher à la population du fleuve.

Félix DADA, maire de Grand Santi

Les piroguiers coincés dans les rochers en raison du niveau bas de l'eau ©Vidéo amateur, réseaux sociaux

Pas d'eau à Taluen, village de Maripasoula

À Maripasoula, l'eau manque également. Les habitants de Taluen, Baboun Olo et Kodololo, des villages amérindiens, ont dénoncé la situation dans des lettres adressées au maire de la commune et au préfet de Guyane. Ils ont également lancé une pétition qui a recueilli plus d'une centaine de signatures.

Depuis maintenant plus d'un mois, nous n'avons plus d'eau au village (de Taluen, NDRL). Aucune solution n'a été trouvée par la mairie, pas même une distribution de bouteille d'eau. Nous avons appris en demandant des informations aux chefs ou aux agents sur place, que la nappe phréatique est trop basse par rapport à la pompe mais rien de plus !

Témpoignage d'une habitante de Taluen

Village de Taluen

"À l’heure du réchauffement climatique, des solutions pérennes doivent voir le jour afin que cette situation ne s’installe pas sur les prochaines saisons sèches. La sécheresse sévit sur toute la Guyane et cela devrait perdurer sur les décennies à venir", déclarent les habitants dans un courrier au maire.

La route, une solution au désenclavement

Pour Félix Dada, la construction d'une route est désormais la solution évidente.

La question ne se pose pas. Depuis 50 ans, on en parle. Il faut une route qui part d'Apatou jusqu'à Maripasoula. Qu'on le veuille ou non, même s'ils mettent en place des avions, ces engins ne transporteront pas les voitures, ni le matériel de chantier, etc. Donc, il faut une route ! Je ne connais pas un pays en Europe où il n'y a pas de route. Plus 90% de la Guyane est faite de forêt, donc je ne comprends pas qu'il n'y ait pas de route.

Félix DADA, maire de Grand Santi

Aujourd'hui, les habitants de Grand Santi "se sentent abandonnés par la France", conclut l'élu.