Disparition de Lucette Michaux-Chevry, Antoine Karam évoque une élue engagée et dévouée à la cause des Antilles et de la Guyane

Ancienne ministre et élue locale, Lucette Michaux-Chevry, personnalité charismatique de la scène politique nationale et régionale s’est éteinte à l’âge de 92 ans ce 9 septembre. Antoine Karam ancien président de Région de la Guyane se souvient de leur compagnonnage politique fructueux.

Antoine Karam, président de la région Guyane de 1992 à 2010 a souvent travaillé avec son homologue guadeloupéenne Lucette Michaux-Chevry.
Une collaboration fructueuse dont l’ancien élu guyanais se souvient avec émotion :

 « Nous nous sommes retrouvés ensemble après mon élections à la tête de la collectivité régionale en 1992, elle-même en Guadeloupe et Emile Capgras en Martinique. Elle est venue en Guyane avec Capgras en 1993 à la rencontre des exécutifs  des trois DFA. Nous avons renforcé nos liens à partir de ce moment. »

Février 2000 rencontre à Cayenne des exécutifs pour expliquer aux forces vives de la Guyane le sens et la portée de la déclaration de Basse Terre du 1er décembre 1999


Un compagnonnage politique fort

En 1994, Lucette Michaux-Chevry est alors ministre de l'Action humanitaire et des Droits de l'homme et, à ce titre, associe Emile Capgras de la Martinique et Antoine Karam de la Guyane à ses actions dans la sphère caraïbéenne et Amérique du Sud.

« Nous sommes membres fondateurs de l'association des états de la Caraïbe à Carthagène en Colombie. C’est un moment très fort de coopération régionale : nous avions considéré que nous devions avoir un ancrage dans la Caraïbe et en Amérique du Sud … Nous avons continué à nous rendre dans d’autres régions de la zone. Tous les 2ans il y avait les congrès et cela nous a permis d’aller à la rencontre de chefs d’états, Fidel Castro, Leonel Fernàndez pour Saint-Domingue ou encore Hugo Chavez pour le Venezuela. Nous avons sillonné la Caraïbe durant cette période. »


Antoine Karam rappelle qu’ils étaient alors membres et siégeaient comme représentants de la France aux côtés de la ministre Lucette Michaux-Chevry. C’était un statut particulier.
Une collaboration pas toujours simple car les divergences existaient avec le gouvernements en lien, notamment, avec les actions menées par les états de la Caraïbe qui protestaient contre transport des déchets nucléaires sur l’océan atlantique.
L’autre moment fort de ce compagnonnage politique dont se souvient l’ancien président de région concerne la fameuse déclaration de Basse-Terre en 1999.

Un travail fructueux pour jeter les bases de l’évolution statutaire

Un travail d’entente et d’accord a été mené avec le président de région de la Martinique Alfred Marie-Jeanne qui a succédé à Emile Capgras rappelle Antoine Karam car les trois personnalités avaient des profils politiques différents :

« Ils étaient un peu en conflit pour des raisons idéologiques. Nous étions trois : Alfred Marie-Jeanne, indépendantiste, moi-même autonomiste et Lucette Michaud-Chevry de droite. Nous nous sommes retrouvés le 15 août chez elle pour discuter, dialoguer et jeter les bases d’un accord politique nous propulsant vers un accord de Basse Terre qui est arrivée plus tard. » Au mois de septembre à l’occasion de la visite officielle de Lionel Jospin alors 1er ministre en Martinique, les trois présidents organisent une conférence de presse pour annoncer leur intention de travailler ensemble et d’aller vers un statut pour chacun des territoires. Une intention concrétisée le 1er décembre 1999 et appelée « Déclaration de Basse-Terre ».


RETROUVEZ ICI LE TEXTE DE CETTE DECLARATION
 

« Une déclaration faite au-delà de nos différences géographiques, des populations, des superficies… Nous avons pensé que nous serions plus forts à trois pour se faire entendre du gouvernement. C’était la période où, dans nos régions, la question statutaire était importante et même déjà essentielle. Entre les événements de 1996-1997 en Guyane et ceux aux Antilles et particulièrement en Guadeloupe. »

 
L’ancien élu se souvient de la période qui s'en est suivie et du travail effectué pour convaincre les élus de chaque région d’adopter un nouveau statut pour les territoires.
Lors des consultations populaires, le non l’a emporté en Martinique et Guadeloupe et la Guyane n’a pu, à cette époque, se prononcer sur cette question n’ayant pas obtenu la validation du congrès.
 

Lucette Michaud-Chevry, une élue de Guadeloupe d’abord au service de sa région

De ces années de collaboration est née une amitié forte entre Antoine Karam et Lucette Michaux-Chevry qui s’est poursuivie après l’arrêt de leurs fonctions électives respectives.

« C’était une nationaliste guadeloupéenne qui défendait les intérêts de son territoire quitte à affronter les gouvernements de gauche ou de droite. Elle a d’abord été socialiste puis elle est passée à droite à l’époque de Chirac dont elle était très proche. C’était une personne engagée, militante, elle était d’abord guadeloupéenne. Elle n’avait pas peur de l’autonomie elle était d’ailleurs très attachée au système autonomiste polynésien. Elle a connu tous les mandats politiques, c’est son âge et ses problèmes de santé qui l’ont stoppée. »

Rencontre à Paris en novembre 2000 avec le président Jacques Chirac des 7 présidents des Régions Ultra Périphériques