Environnement : un front juridique contre l'orpaillage illégal

Vue aérienne d'un site d'orpaillage clandestin non loin de la commune de Maripasoula
En réponse à la carence de l'État français face à l'orpaillage illégal, des associations guyanaises, aux côtés de l'association des Victimes du mercure Haut Maroni, prévoient de déposer un recours judiciaire le 17 janvier 2024. La Première ministre Élisabeth Borne est critiquée pour son approche jugée insuffisante.
Ancien site clandestin non loin de Taluen

Le 3 janvier 2024, des associations guyanaises, dont  l'Association Des Victimes du Mercure - Haut-Maroni, la COPAG, la JAG, Wild Legal, ont annoncé leur intention de déposer une action en justice contre l’État français. Cette décision fait suite à la visite récente de la Première ministre Élisabeth Borne en Guyane, dont les annonces concernant la lutte contre l'orpaillage illégal ont été perçues comme inadéquates.

Marine Calmet Présidente de Wild Legal souligne que les annonces de la Première ministre Élisabeth Borne, promettant un soutien logistique et humain, sont insuffisantes face à l'ampleur du problème. Selon elle,

c'est l'ensemble de la politique économique, sanitaire et environnementale de lutte contre l'orpaillage illégal qui doit être revu. Pour le collectif, la réponse du gouvernement est comparable à un « pansement sur une jambe de bois ».

Depuis deux décennies, l'orpaillage illégal sévit dans le Parc Amazonien de Guyane, causant des dégâts environnementaux et sanitaires considérables. Plus de 500 sites clandestins ont été recensés, et chaque année, environ 13 tonnes de mercure sont déversées dans les cours d'eau, affectant gravement la santé des populations locales et l'environnement.

Ancien site clandestin non loin de Taluen

Les associations impliquées ont déjà tenté une approche administrative, déposant un recours gracieux auprès du Préfet de Guyane le 16 octobre 2023. Face à l'absence de réponse, elles se tournent vers le tribunal administratif de Cayenne pour dénoncer la carence de l'État dans la protection des droits humains et environnementaux.

Cette démarche s'inscrit dans un contexte plus large de reconnaissance des droits de la nature. Les requérants souhaitent que le fleuve Maroni et ses affluents soient reconnus comme ayant des droits fondamentaux, s'appuyant sur des précédents internationaux tels que ceux de la Colombie et du Bangladesh.

Ancien site clandestin non loin de Taluen

Leur action vise non seulement à mettre en lumière les manquements de l'État français, mais aussi à obtenir des mesures concrètes pour lutter contre l'orpaillage illégal et protéger la santé des populations et des écosystèmes amazoniens. La conférence de presse prévue le 17 janvier à Cayenne et en visioconférence sera une étape clé de cette mobilisation juridique et environnementale.

6 associations vont saisir le tribunal administratif de Cayenne contre l'État