Guyane: les consommateurs se plaignent de la hausse des prix

photo d'illustration
La crise et ses dérives. Depuis plusieurs jours déjà, les consommateurs se plaignent de la hausse des prix des produits usuels. « La crise a bon dos » c’est le refrain repris en chœur et c’est le porte-monnaie qui trinque.
 
La solidarité a ses limites. A entendre les guyanais, les commerçants sont en train de se remplir les poches en augmentant les tarifs des produits. Et selon les témoignages recueillis, cela concernerait l’ensemble du champ des commerces, des supérettes de proximité aux plus grandes enseignes.
Le passage en caisse est selon les consommateurs douloureux ces jours-ci avec des prix ayant évolué depuis le début de la crise

De Cayenne à St-Georges et de Kourou à l’ouest du territoire, la complainte est identique. Et si la différence a été ressentie dans les surfaces, les mots sont les mêmes

On nous prend pour des pigeons. Ces gens-là savent que confinés avec des enfants on a des besoins forts et ils en profitent pour nous prendre de l’argent en plus

Caroline est furieuse et évoque pêle-mêle les tarifs de la farine, des yaourts, et du poulet.

Il semble bien que les stocks, selon les commerçants, soient conséquents et qu’il n’y a pas de risque de manquer de réserves alimentaires mais comme lors de la crise de 2017 pour ne citer que celle-là, les tickets flambent.
 

Comme en 2017…

Selon l’un de nos contacts, à Camopi par exemple, une caisse de poulets est proposée à 37 et 39euros quand en grande surface elle est vendue entre 12 et 14 euros. Dans cette même commune, une boîte de steaks hachés est affichée à 13 euros, un poulet fumé est vendu à 14, 20 euros.
Les communes de l’intérieur ou dites isolées ne sont pas les seules à subir

Il y a 10 jours, j’ai acheté le kilo de citron à 1.50€ le kilo. Il est devenu produit de luxe, désormais entre 4 et 4.50€ le kilo. On se moque de qui et après on va nous dire que les agriculteurs n’écoulent pas leurs productions.

Myrtha est devant sa supérette et ne décolère pas

Vous avez vu le prix du kilo d’ananas, pratiquement 1.50 de plus sur la même période. Nous sommes les vaches à lait et le pire c’est que le constat est identique partout.


Selon les secteurs, il y aurait déjà des rayons vides : riz, lait et farine semblent manquer. Et à ce sujet, le député Lénaïck Adam a indiqué lors d’une réunion avec la ministre des outre-mer être saisi de ce manque de riz sur le territoire et donc en négociations

avec les autorités surinamaises l'exportation vers la Guyane de 60 tonnes de riz qui approvisionneront l’Ouest Guyanais ainsi que l’ile-de-Cayenne.

 
Pas de risque de pénurie pour le moment en Guyane


Le processus est bien avancé puisque des rotations du bac La Gabrielle sont actées pour une livraison d’une quarantaine de tonnes dans un premier temps. L’affaire est gérée au plus haut niveau puisque les autorités françaises via la préfecture émettront une demande exceptionnelle de soutien au gouvernement surinamais, ce qui va permettre de débloquer l’importation de riz.

Le député de la 2ème circonscription a également alerté la représentante du gouvernement face aux risques liés aux prix dans les commerces en réclamant

Une attention toute particulière de la Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi sur l’évolution des prix en ces temps de crise. 


"les produits les plus chers en jouant sur la peur de la pénurie"


Les commentaires se rejoignent partout sur le territoire, comme cette habitante de Soula 2 qui a payé une boîte de steak haché à 14€. Sandra, pour sa part, est catégorique quant aux changements d’attitudes des commerçants en cette période confinement.

Il y a les prix, le ticket le traduit. Cela dit je trouve que les méthodes commerciales mises en place poussent à acheter les produits les plus chers en jouant sur la peur de la pénurie... exemple 250g de beurre à plus de 3€ en tête de gondole dans une surface fréquentée de Rémire-Montjoly avec une affichette promotion alors qu'en rayon, tu en as à prix abordable.


La problématique existe bel et bien. Les autorités ne devraient pas tarder à réagir. Ce mardi, la ministre des outre-mer, Annick Girardin, à propos des hausses de prix constatées dans certains magasins d'alimentation a indiqué être

très vigilante sur les prix. Ce n'est pas le moment d'avoir ces prix à la hausse. Si cela devait continuer, Je n’exclus pas l’idée de demander aux préfets de fixer les prix de certains produits dans le cadre de cette crise. 


Sur notre territoire, des contrôles sont bien évidemment opérés.
Selon Paul-Marie Claudon, le secrétaire Générale des Services de l’État

Le pôle 3E (Emploi, Entreprise et Economie) de la Direction générale de la cohésion et des populations (DGCOPOP) procède à un relevé des prix hebdomadaire sur un panier de produits de consommation courante, y compris sur les fruits et légumes. Ce relevé des prix est fait à la fois dans les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) et dans les commerces alimentaires de proximité.


Les éléments recueillis par les techniciens de la DGCOPOP sont assez clairs et corroborent le ressenti de la population affirme Paul-Marie Claudon

Ressortent de ces relevés une augmentation des prix chez les commerçants de proximité, mais uniquement sur les fruits et légumes. Le contrôle des prix par les services de l’État a vocation à continuer et à s'intensifier tout au long de la période d'urgence sanitaire.

 


Face à cette situation, une réunion est prévue vendredi en préfecture. Elle réunira l'ensemble des acteurs de la grande distribution et des commerces de proximité

pour faire le point notamment sur l'évolution des prix et sur les engagements que les opérateurs économiques pourraient prendre en terme de modération des prix, sur des produits de grande consommation.


Pour l’heure, le territoire de la Guyane est approvisionné de façon normale. Il n'y a pas de rupture dans les chaines de transport de marchandises, ce qui permet de réassortir constamment les GMS et réseaux de commerces de proximité.
Autre nouvelle d’importance, afin de faciliter l'écoulement de la production des agriculteurs, un accord a été passé entre les producteurs et le réseau des GMS sur la distribution de fruits et légumes.
Les consommateurs veulent des traductions concrètes lors du passage en caisse.