Kourou : des responsables d'une association pour l'autonomie alimentaire guyanaise interpellés à leur domicile

L'association AGIR.D compte plus de 300 adhérents.
Le 7 novembre, quatre responsables de l'Association Guyanaise d'Insertion Rurale et de Développement (AGIR-D) ont été perquisitionnés et placés en garde à vue. Ils développent depuis 2003 un projet d'agriculture vivrière sur un terrain de 800 hectares à 15 kilomètres après Kourou, convoité par une entreprise minière.

Réunis sous un carbet, les adhérents de l’association AGIR.D sont venus en nombre ce samedi 25 novembre. Ils font tous partis du projet "Chawawi", développé sur un terrain de 800 hectares à 15km après Kourou. Chaque adhérent peut cultiver son jardin vivrier sur une parcelle de deux hectares après avoir payé une cotisation de quelques milliers d'euros.

Le 7 novembre, quatre responsables d'AGIR.D ont été perquisitionnés à leur domicile et placés en garde à vue. Ils ont été relâchés après 13h de garde à vue, sans poursuite judiciaire, selon les informations qu'ils nous ont fournies.

"Ils sont venus vers 6h15 du matin chez nous. Ils étaient quatre gendarmes et nous ont signifié qu'on était en garde à vue [lui et sa femme, trésorière de l'association, NDLR] pour les chefs d'accusation d'atteinte à l'environnement et de déboisement".

Alain Maurice, secrétaire d'AGIR.D

Ces informations n'ont pas encore pu être confirmées par la préfecture.

Agriculture vivrière

Alors que l'association a obtenu des autorisations pour créer des pistes et borner les parcelles, en 2008 et 2012, le service des Domaines ne leur accorde pas d'autorisation d'installation depuis 2021. AGIR.D dépose depuis vingt ans des demandes pour que le Domaine leur communique le prix du terrain afin que les adhérents deviennent propriétaires de leurs parcelles. Mais le service réfute en affirmant que le terrain est situé sur une zone naturelle du PLU de la mairie de Kourou.

L’association de son côté dénonce ces lenteurs administratives. Les responsables craignent que le terrain soit concédé à l’entreprise Sudmine. Cette société a déjà mené des opérations de prélèvements pour y trouver du coltan, un minerai indispensable à la conception des téléphones et ordinateurs. L'entreprise souhaiterait développer un projet "Coltan-Ethique" dont elle a obtenu un Permis Exclusifs de Recherche (PER) sur la zone du projet d'AGIR.D

Cette année nous avons appris qu'il y avait eu une demande de prolongation du permis exclusif de recherche pour continuer les recherches de coltan. Dans leur projet, il y a une excavation de plus 1000m3 prévue. On peut estimer que l'implantation d'AGIR.D les gêne.   

Alain Maurice, secrétaire d'AGIR.D

L'entreprise Sudmine a souhaité répondre à ces allégations.

A aucun moment, nous n'avons dénoncé cette association. Certes, nous avons constaté des occupations mais ces interpellations sont indépendantes. Jusqu'à présent, nous avons cohabité avec cette association. Nous n'avons pas fait de carottages mais des sondages manuels à deux mètres de profondeur. Si nous obtenons une autorisation pour extraire du coltan, nous pouvons très bien faire notre activité et répartir le terrain en fonction de nos besoins.

Mickaël Aloua, directeur de l'entreprise Sudmine

Le Groupement des associations foncières de Guyane (Grafoguy) et le Groupement Régional Des Agriculteurs de Guyane (Grage) soutiennent le projet de l'association.