Après 18 mois de pandémie covid qui ont conduit le gouvernement à adopter des mesures contraignantes aussi bien sanitaires, sociales et économiques, les tensions au sein de la population sont multiples.
La problématique de la vaccination et son corollaire, la mise en place du pass sanitaire pour voyager, se rendre dans les lieux publics, pour travailler n’en finit pas de diviser.
Des manifestations contre la vaccination et le pass sanitaire
Le mois de juillet a été mouvementé en Guyane avec des manifestations des personnels soignants contre l’injonction vaccinale. A Saint-Laurent, notamment, cela a donné lieu à deux jours de manifestions :
Un mouvement suivi également à Cayenne aussi bien par la population que par une partie des soignants. Les infirmiers libéraux se prononçant fermement contre et écrivant pour cela au Conseil d’état en arguant du désert médical en Guyane.
Une liberté de circuler très contrainte
Ainsi d’ici, le 15 septembre, les soignants comme les personnels s’occupant de personnes fragiles devront être vaccinés pour effectuer leurs missions sous peine d’être suspendus sans rémunération.
Dans les collèges et lycées, en cas de covid dans les classes, les élèves non vaccinés seront invités à rester chez eux.
Avec l’application du pass sanitaire, toute personne désireuse de se rendre au cinéma, au restaurant, à toute manifestation en milieu fermé devra être vaccinée pour y accéder ou présenter un test négatif. Autant dire que certains acteurs économiques comme, par exemple, les restaurateurs non pourvus d’installations extérieures, les organisateurs d’événements et exploitants de cinéma se retrouvent en grande difficulté.
La vaccination ne décolle toujours pas en Guyane
Toutes ces dispositions contraignantes ont provoqué un boum de la vaccination dans l’hexagone où plus de 46% de la population serait actuellement vaccinée. Cela n’a pas été le cas en Guyane, à peine a-t-on constaté une légère hausse. Actuellement, selon les derniers chiffres de l’ARS 103 020 personnes ont reçus unepremière injection et 42 331 sont désormais vaccinées. Cela représente sur la base de 280 000 habitants, un pourcentage de 15,11% de personnes vaccinées. L’immunité collective étant estimée à 70% de vaccinés, la Guyane à l’instar des Antilles où globalement 16% de la population serait vaccinée, figure dans le rang des récalcitrants.
Une 3e vague épidémique davantage meurtrière
Alors qu’au début du mois de juillet, la courbe épidémique s’inversait, elle a repris et le nombre de contaminés a augmenté. Parallèlement les hôpitaux se sont remplis, notamment, les services de réanimation.
Les chiffres de la mortalité ont explosé. Juillet 2021 comptabilise à ce jour le plus grand nombre de décès pour cause covid enregistré depuis le début de l’épidémie : 138 victimes dont 5 pour la seule journée du 28 juillet. En majorité des personnes non vaccinées et qui souffraient, pour une majorité d’entre elles, de comorbidités graves. Un constat alarmant alors que commence à circuler le variant delta jugé plus dangereux que le variant gamma encore largement majoritaire en Guyane.
Depuis le 30 juillet, les mesures de freinage ont été réadaptées où plutôt resserrées.
#COVID19 | Mesures différenciées de freinage à partir du 30/07 :
— Préfet de la région Guyane (@Prefet973) July 29, 2021
- Passage en zone 🟠 pour 📍 #IledeCayenne et #Macouria 👉 Couvre-feu de 20h à 5h.
- Passage en zone 🟢 pour 📍 #SaintLaurent et #Mana
➕ d'infos : https://t.co/QANl0M6cMn pic.twitter.com/anhLO1iE5B
Le schisme entre les pro et antivax
Les mesures prises par le gouvernement pour contraindre la population à la vaccination sont en vigueur. Jugées par certains inefficaces et liberticides, elles provoquent des remous dans la société et des déchaînements hainaux sur les réseaux sociaux. Pire, on constate une forme de radicalisation des antis vaccins, les pros vaccins se situant plutôt dans la masse silencieuse.
Ce jour, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu a déclaré ne pas être opposé à une adaptation du pass sanitaire sur les différents territoires. Il appelle, toutefois, les élus et la communauté médicale à tout faire pour inciter à la vaccination.
Le mois d’août sera décisif pour améliorer la situation sanitaire. Dans le cas contraire, la rentrée pourrait s’effectuer dans un contexte social très dégradé.