Le Carnaval et le Touloulou guyanais au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco : l'ORCG ne désarme pas

Carnaval en Guyane
Le Carnaval et le Touloulou du bal paré masqué sont inscrits au patrimoine culturel immatériel national depuis le 26 octobre 2017. Une étape importante dans la reconnaissance officielle de cet événement culturel majeur guyanais. La première marche dans le long processus porté par l'Observatoire régional du carnaval guyanais pour faire reconnaître le Carnaval et le Touloulou au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco.

Jeudi dernier lors de la CIC, le préfet de région Thierry Queffelec expliquait combien il était important de maintenir le Carnaval, et le Touloulou du bal paré masqué cette année, car inscrits au patrimoine culturel immatériel national. Après deux ans d’interruption, en raison de la crise sanitaire, il était donc urgent de préserver cet événement. Le patrimoine culturel immatériel (PCI) en effet, englobe des pratiques et des savoirs. Cet inventaire participatif national est piloté par le ministère de la Culture dans l’objectif de le sauvegarder.

Cette première étape, est le début d’un long processus initié en 2014 par l’Observatoire régional du carnaval. Cette inscription nationale est la condition préalable pour atteindre la reconnaissance mondiale à l’Unesco.

Monique Blérald universitaire, présidente de l’Observatoire régional du carnaval a porté le projet de bout en bout. Depuis 2014, le processus est déjà bien avancé mais il reste l’adhésion de la population, qui est un des éléments essentiels dans cette procédure de sauvegarde. Elle fait le point : 

MB : Le Carnaval et le personnage du Touloulou sont inscrits au patrimoine français de l’Unesco depuis le 26 octobre 2017. Nous ne sommes pas encore inscrits au patrimoine mondial. C’est le travail sur le terrain qui l’a permis, une collecte de plus de 10 mille signatures en Guyane mais aussi en Martinique dans l’hexagone, des signatures collectées lors des colloques, des foires mais aussi à l’international au Bénin par les sympathisants du carnaval de Guyane.

Le processus a-t-il été difficile ?

MB : Ça a été très difficile car il y a deux aspects dans le processus d’inscription. Il y a un travail de terrain à mener, d’inventaire auprès des groupes carnavalesques,  des personnes ressources défendant le carnaval, il faut travailler sur l’histoire, la génèse du personnage du touloulou, les imaginaires. Il faut aussi montrer ce que demande la convention 2003 de l’Unesco - car on s’appuie sur cette convention - qui demande de sauvegarder, de transmettre, de valoriser, de montrer que ce personnage que l’on veut inscrire au patrimoine est un personnage évolutif. Il est vivant. La figure patrimoniale que l’on veut inscrire à l’Unesco vit avec son époque, n’est pas figée, c’est une figure en lien avec les attentes des personnes qui ne voient pas le carnaval comme celui d’hier. C’est complexe car il nous faut prendre en compte  l’histoire, la symbolique, les imaginaires, les représentations mais aussi ajouter les nouvelles technologies, la mondialisation, les réseaux sociaux etc…

Après deux ans d’interruption en raison de la crise sanitaire, comment continuez-vous votre action ?

MB : Nous allons dans les établissements scolaires, à l’université, nous mettons en place des colloques, des enseignements. Le carnaval pour nous c’est toute l’année. Au mois d’octobre, nous avons organisé les Assises du carnaval qui montraient que le carnaval est un lien social, fédérateur, un outil d’insertion, touristique, économique, également. Le carnaval c’est une richesse culturelle guyanaise. Aujourd’hui, ce que nous faisons c’est aller à la rencontre de la population chaque semaine, sur les marchés pour que la population vienne à nous. Ce qui nous manque c’est l’adhésion concrète de la population. C’est ce que demande le ministère de la Culture, notre principal partenaire, afin que nous puissions porter notre dossier à l’Unesco. Nous allons choisir un élément patrimonial. Pour être convaincant, il faut que toute la population adhère au projet. Il faut montrer que les Guyanais sont fiers de faire inscrire le carnaval et le touloulou, comme les Haïtiens avec la soupe Giraumon, la Martinique la Yole, la Guadeloupe, le Gwoka, le Maloya la Réunion. Tous les départements sont inscrits sauf la Guyane. Nous avons un carnaval de nuit et de jour avec un personnage de touloulou miroir, reflet de la société guyanaise, témoin de l’histoire de la Guyane.  

Touloulous à la parade nocturne de Cayenne en 2014

La candidature pour faire reconnaître le Carnaval et le Touloulou du bal paré masqué comme patrimoine culturel immatériel de l'Humanité, portée par l'ORCG doit être examinée avant fin 2022 afin d’être présentée par le ministère de la Culture à l'Unesco. Le compte à rebours a commencé.