Les Guyanais ont subi en moyenne 6 heures de coupure d’électricité en 2023

40% des coupures d'électricité sont dues à la présence de végétaux près des lignes.
Ce vendredi 5 avril, EDF a présenté le bilan de son activité en 2023. Les coupures d'électricité sont à la hausse par rapport à 2022 et à une fréquence six fois supérieure à celle de l'Hexagone. L'entreprise espère améliorer le réseau cette année, mais les effets ne se feront pas ressentir tout de suite.

C’est une augmentation en partie liée à la panne générale d’août 2023. L'année dernière, le temps moyen d’interruption d’électricité par habitant a augmenté par rapport à 2022 ; il est passé de 5h par an à 5 h 45.

Dans l’Ouest, cette moyenne est vraisemblablement plus importante. L’entreprise EDF y a comptabilisé une centaine des pannes, soit une tous les trois jours. Dans l'Hexagone, Enedis, filiale d’EDF et gestionnaire du réseau électrique a estimé à 56 minutes le temps de coupures moyen par habitant sur un an.

Plusieurs raisons expliquent ces nombreuses coupures. « 40% de ces pannes proviennent de la présence de végétaux près des lignes, donc de problèmes d’élagage. Les autres raisons sont des incidents techniques, qui peuvent être provoqués par les conditions climatiques – orages, pluies – et ensuite des agressions extérieures d’ouvrages, dont le branchement illégal dans les habitats informels ou les travaux sur les voiries », détaille Martin Voisin, directeur d’EDF Guyane.

Concernant l’ouest de la Guyane, davantage touché par les pannes, un seul réseau de distribution d’énergie permet d’approvisionner ces communes, contre deux pour le littoral, ce qui ne permet pas d’avoir de relais en cas de coupure.

À noter en revanche que les coupures d'électricité en Guyane ne sont pas liées au manque d'infrastructures, qui, grâce notamment au barrage Petit-Saut, parviennent à subvenir aux besoins de la population.

Des leçons tirées de la panne générale ?

En outre, la coupure générale d’électricité en août 2023, qui a privé 48 200 foyers de courant pendant plusieurs heures, a permis de tirer certaines leçons, assure le directeur d'EDF Guyane.

Cette panne a été déclenchée au niveau de la ligne qui descend de Petit-Saut à Kourou. Nous avons fait beaucoup de travaux de maintenance, changé les pièces qui posaient problème. Je ne peux pas promettre qu'il n'y aura plus d'incident généralisé mais je pense que nous avons fait ce qu'il fallait.

Martin Voisin, directeur d'EDF Guyane

En 2024, l’entreprise espère réduire le temps moyen de coupures à 5h par an, soit un retour à la moyenne de 2022. « Pour que l’on baisse davantage, il faut que les infrastructures évoluent. Ce sont des ouvrages qui nécessitent d’importants travaux. D’ici deux trois ans nous pourrons voir leurs effets », affirme Martin Voisin.

Ces travaux concernent notamment des opérations d’élagage, dont le budget a été doublé à 14 millions d’euros sur six ans. L'entreprise explique vouloir « poursuivre les travaux de maintenance sur les lignes 20 000 V » et « moderniser le réseau ». Cela nécessite davantage de personnel au sein de l’entreprise ; 32 nouveaux opérateurs doivent être recrutés cette année, faisant passer le nombre de salariés de 523 à 550.

Enfin, sur le plus long terme, l’entreprise prévoit de créer un deuxième réseau de distribution d’énergie sur le littoral ouest de la Guyane. Encore au stade d’étude, ce projet pourrait être lancé « au plus tôt d’ici 2028 pour voir le jour en 2032 ». En attendant, d’autres projets énergétiques sont en cours dans l'Ouest, comme la CEOG (Centrale Electrique de l’Ouest Guyanais), un projet du fonds d'investissement Meridiam, de la Société anonyme de la raffinerie des Antilles et Hydrogène de France, souhaité par les élus de l’ouest mais contesté par la population Kalin’a qui vit à proximité de la centrale.