C'est une technique qui n'a rien inédit. Depuis très longtemps, les populations vivant dans les environs des savanes guyanaises utilisent le feu pour entretenir ces terres ou encore pour attirer du gibier.
C'est une pratique qui peut être bénéfique à la biodiversité de ce milieu. Pour cette raison, le Parc Naturel Régional de la Guyane (PNRG) a lancé une opération de brûlage dirigé ce lundi 25 septembre.
Le feu pour maintenir une biodiversité typique des savanes
La savane subit, petit à petit, un renfermement alors qu'il s'agit normalement d'un paysage ouvert. Pour maintenir une biodiversité typique des savanes, on a besoin d'entretenir le milieu ouvert par le feu.
Maxime COBIGO, chargé d'études et de projet au parc naturel régional de Guyane
Le feu va alors éliminer la biomasse, nous explique Maxime Cobigo. Et d'ajouter : "Il va éliminer l'accumulation d'herbes qui va étouffer une biodiversité qui va pousser à ras-le-sol et qui donc, ne peut pas faire son cycle biologique". C'est le cas, par exemple, des orchidées qui ont besoin d'insectes pollinisateurs. "Si la fleur est sous les herbes, on comprend naturellement qu'un insecte ne va pas y avoir accès et donc elle ne va pas pouvoir se reproduire", détaille le spécialiste.
"Pour les oreilles d'ânes, lorsque la savane n'est pas incendiée assez fréquemment, la végétation va monter et empêcher l'accès à la lumière de ces plantes qui vont dépérir sous cet amas", rajoute Méline Blouin, stagiaire au PNRG. Lors de son apprentissage, elle a mené une étude botanique de plusieurs parcelles de savanes ayant subi des feux plus au moins fréquents afin de comparer les espèces. Il était donc important pour elle de participer à ce brûlage dirigé.
Un feu encadré par divers professionnels
D'autres professionnels participent à cette opération. Il y a notamment Atmo Guyane, l'observatoire de la qualité de l'air. Antonin Lotto est ingénieur d'études. "On intervient aujourd'hui sur les brûlages pour encadrer au niveau de la surveillance réglementaire de la qualité de l'air", indique-t-il.
Pour effectuer ce travail, ils ont apporté une station de mesure météorologique "pour encadrer le brûlage et étudier la propagation du feu sur la surface brûlée", expose Antonin Lotto. Cet appareil permet de connaître la direction du vent, sa vitesse et sa température.
Les paramètres sont ensuite communiqués aux pompiers, eux aussi présents sur les lieux.
La gendarmerie se charge aussi de la circulation aux abords de la RN1, qui traverse les savanes. "C'est aussi pour ça qu'on met le feu à 10h00 et pas à 8h30, parce que sinon ce serait compliqué pour tous les automobilistes qui vont à Cayenne ou vers Kourou", justifie Maxime Cobigo.
Plusieurs mises à feu sont prévues jusqu'au mercredi 27 septembre. Le dispositif a été autorisé par arrêté préfectoral. Les dates n'ont pas été choisies par hasard, tout d'abord pour que tous les professionnels soient mobilisés, mais aussi par rapport à la saison.
On le fait plutôt en début de saison sèche parce qu'on sait que la forêt, à la fin de la saison sèche, va être très très sèche, il y aura un risque que le feu parte dans la forêt... Donc en le fait en début de saison.
Maxime COBIGO, gestionnaire de la savane des pères et chargé d'études et de projet au PNRG
Rappelons que les feux volontaires sont toujours interdits dans certains secteurs de Guyane en raison de la vigilance rouge mise en place par la Préfecture.