Les livres jeunesse de Marie George Thébia sont désormais bien rangés dans les bibliothèques, sur les rayonnages des librairies, les étagères des CDI dans les collèges. L'écrivaine a achevé sa trilogie jeunesse avec "Saül et les poussières d’or" qui sort en librairie ce mois de décembre.
Ses histoires romancées balayent des périodes historiques précises afin de faire découvrir aux plus jeunes quelques rudiments du "péyi Guyane". Un challenge décidé en 2017 lors de la grande mobilisation sociale alors que les Guyanais exprimaient un fort désir identitaire et le souhait de mieux se connaître.
Marie-George Thébia est donc allée au bout de son idée. Celle de donner accès à un pan de l’histoire guyanaise aux jeunes enfants entre 6 et 15 ans. L'aventure a débuté avec Copena, l’esclave marron, s’est poursuivie avec Aïyana, la petite fille wayana et se termine avec Saül, le petit garçon venu de Sainte-Lucie pour chercher de l'or.
« Le temps de l’écrivain n’est pas le temps de la lecture »
« A la fin du livre, il y a une partie didactique avec des sources destinée aux enseignants pour aller plus loin sur le thème… Depuis un an, je suis régulièrement sollicitée dans les écoles et pour intervenir dans les CDI des collèges. J’ai aussi de bons retours des parents car eux-mêmes sont dans l’attente de certaines informations… cela me fait plaisir qu’ils aient l’envie de partager cela avec leurs enfants »
Marie George Thébia se dit heureuse d’avoir rempli sa mission, tout au moins une partie, auprès des jeunes lecteurs. Cela lui a demandé un travail de recherche minutieux qui lui fait dire : « Le temps de l’écrivain n’est pas le temps de la lecture ».
Ce troisième livre consacré au début de la découverte de l’or en Guyane a été aussi l’occasion de s’intéresser à la région de Saül, fief de la ressource aurifère au début du 20e et aux dures conditions de vie des orpailleurs, souvent des hommes et des femmes venus de Sainte-Lucie rêvant de faire fortune dans cet eldorado que représente la Guyane.
« Saül et les poussières d’or » est un rappel aux différentes vagues migratoires, le terreau fertilisant de la population guyanaise multiculturelle.
Sur sa collaboration avec le dessinateur Olivier Copin, qui a réalisé les illustrations l’autrice se félicite de la qualité de son travail. Un résultat obtenu grâce à des échanges très fructueux et dans le respect de ce qui avait été réalisé pour les précédents ouvrages.
Nouvelle étape didactique à l’Université de Guyane
Depuis la rentrée 2021, Marie George Thébia est chargée de cours à l’Université de Guyane sur la littérature Patrimoniale Guyanaise destinée aux étudiants de troisième année en Licence professionnelle Patrimoine. Une mission qui s’inscrit parfaitement dans la continuité de son action pour la jeunesse de son pays.
« Je me suis appliquée à rendre accessible l’histoire de la Guyane aux plus petits avec la littérature jeunesse et maintenant, à l’université, je travaille sur la littérature patrimoniale de Guyane, sur tous les grands textes qui sont peu connus. Il y a Damas bien sûr mais d’autres comme par exemple les premiers récits des voyageurs. Il faut se rappeler qu’au début du 18e c’étaient les autres qui écrivaient sur la Guyane, les grands voyageurs comme Frédéric Coudreau … Au 19e des Guyanais commencent à parler de la Guyane et le 20e c’est l’explosion de la quête identitaire… avec Isamaël Urbain, Alfred de Saint-Quentin, Michel Loyer, Atipa, René Jadfard… »
Elle s’intéresse à cette progression où le Guyanais s’empare de la littérature avec ses étudiants qui vont devoir faire de la médiation culturelle et touristique.
« J’ai envie de rédiger un roman coup de poing »
Marie George Thébia est, tournée vers les autres, les gens de son pays, la Guyane qu’elle aime. Avec l’envie de transmettre ce qu’elle connaît de son histoire tout en se reconnaissant aussi, le droit de s’interroger sur notre devenir.
L’autrice est maintenant habitée par un nouveau projet qui la passionne : celui de rédiger « un roman coup de poing » :
« Je pense que j’ai la maturité maintenant, les épaules pour supporter le retour de ce que j’ai à dire. Ce n’est pas forcément gentillet. Ce sont des choses qui me heurtent, me touchent et sur lesquelles je me sens obligée d’écrire, c’est un devoir viscéral».