Avec 129 sites recensés en août sur le territoire concerné par le Parc amazonien (Sud de la Guyane), contre 148 en janvier 2021, l’orpaillage illégal reste présent sur le territoire guyanais, malgré une légère baisse. 85 % des sites actifs se concentrent sur les deux communes de Maripasoula et Papaïchton.
Les agents du Parc Amazonien sont ainsi régulièrement interpellés par les habitants des différents bassins du territoire concernant les dégâts causés par l’activité minière. C’est aussi le constat amer du programme Terra Maka’andi consacré à la gestion des ressources naturelles (chasse, pêche, cueillette... ) par les communautés locales.
Répondre aux interrogations des autorités coutumières
Avec seulement 15 inspecteurs de l’environnement pour les 34 000 km2 de son territoire, le Parc Amazonien de Guyane reste un petit acteur de la lutte.
Par principe de précaution, afin de répondre aux besoins et aux interrogations des autorités des communes touchées, le Parc organise des ateliers pour mieux coordonner les opérations de répression à proximité et dans les aires protégées.
Des actions ce type ont déjà eu lieu à Taluen, Camopi et Kayodé. Lundi, un atelier de deux jours, lundi et mardi, a été organisé à Papaïchton.
Elus, chefs coutumiers et un représentant du Grand Conseil coutumier ont ainsi pu échanger avec des membres des institutions en charge des opérations de lutte contre l’orpaillage illégal (Préfecture, Etat-major de lutte contre l'orpaillage illégal , Parquet de Cayenne, Gendarmerie, Forces Armées en Guyane, Agence Régionale de Santé..).
« La lutte contre l’orpaillage illégal est un travail de longue haleine qui exige une complémentarité des réponses à ce fléau : la réponse répressive avec les moyens importants des actions Harpie ; mais aussi un volet social qui consiste à créer un dialogue mutuel et à sensibiliser les autorités locales pour éviter d’éventuelles collusions ou tentations d’argent facile sur les sites d’orpaillage.»
Arnaud Anselin, directeur-adjoint du Parc Amazonien de Guyane
En amont, un médiateur du parc a recueilli les témoignages des habitants concernant cette problématique. C’est avec ces paroles, des déclarations souvent empreintes de colère, de désarroi, de peur.., que l’atelier a débuté.
Bientôt une Réserve opérationnelle amazonienne
Plusieurs thématiques ont aussi été abordées : le cadre légal ; la situation actuelle dans les aires protégées ; les actions déjà en place aux frontières et les impacts sur les communautés locales.
« Cet atelier a plusieurs objectifs : permettre aux habitants, qui sont sur le terrain, de mieux comprendre ce qui se fait contre l’orpaillage illégal et d’exprimer leurs préoccupations et leurs suggestions concrètes afin de lutter plus efficacement contre ce phénomène ; c’est aussi aider les autorités à mieux comprendre les attentes du territoire sur cet enjeu ; enfin cela favorise le développement des coopérations entre les autorités, les habitants du territoire et les acteurs de la lutte contre l’orpaillage illégal.»
Arnaud Anselin, directeur Adjoint du Parc Amazonien de Guyane
A l’issue des premiers ateliers à Camopi, Taluen et Kayodé, une réserve opérationnelle amazonienne est déjà cours de constitution. Il s’agit d’une unité opérationnelle de gendarmerie composée de jeunes Guyanais qui souhaitent s’engager, en tant que professionnels formés, dans la lutte contre l’orpaillage clandestin. Une action à laquelle les habitants de Papaïchton aimeraient prendre part.
D'autres pistes de travail ont également été évoquées comme du renseignement par les habitants du fleuve qui observeraient des flux logistiques inhabituels, la mise en place de filières de recrutement et de formation pour permettre à tous les Guyanais (piroguiers, guides,…) de s’impliquer, chacun en fonction de ses compétences, directement aux côtés des gendarmes et des militaires.
Plusieurs ateliers consacrés à la lutte contre l'orpaillage illégal seront programmés prochainement en Guyane, dans les communes concernées, afin d’établir un suivi des actions et d'élaborer à plus ou moins long terme des stratégies de lutte communes.