Le jeudi 13 mars 2025, les élèves du lycée Bertène Juminer à Saint-Laurent-du-Maroni ont échangé avec Aristide Tarnagda, après avoir assisté à "Mère Prison", pièce d’Emmelyne Octavie. Lors d’un atelier, ils ont exploré la mise en scène sous son regard, découvrant une nouvelle approche du théâtre.
Avant de rencontrer Aristide Tarnagda, les élèves avaient assisté à la représentation de Mère Prison, mise en scène par ce dernier et co-produite par Atoumoproduction et le Centre Dramatico Colombo.
Le texte d’Emmelyne Octavie met en lumière le combat d’une mère qui jongle entre son travail, les trajets en bus et ses visites au parloir, où elle retrouve ses deux fils incarcérés. Pendant ce temps, son dernier fils, resté à la maison, s’accroche à sa console de jeux, incapable d’affronter la réalité.
"La prison est une réalité qui touche beaucoup de familles en Guyane, notamment avec le phénomène des mules. La figure de la mère, centrale dans cette histoire, a profondément ému les élèves. Ils ont réagi avec beaucoup d’émotion et avaient hâte d’échanger avec le metteur en scène pour mieux comprendre sa démarche."
Un atelier pour explorer la mise en scène
Le lendemain, le jeudi 13 mars, les élèves ont eu l’opportunité d’approfondir leur compréhension de la pièce en échangeant directement avec Aristide Tarnagda. L’objectif : analyser la mise en scène et expérimenter leur propre approche théâtrale à travers un atelier.
Pour Versol Gabriel, l’expérience a été une révélation :
"J’étais metteuse en scène, je devais organiser comment faire jouer ma collègue. J’ai trouvé cela très intéressant, car au départ, je pensais devoir jouer l’un des personnages, mais Aristide Tarnagda m’a montré que je pouvais la faire interpréter seule les deux rôles. Ça m’a ouvert à une autre manière de penser le jeu et la mise en scène."
De son côté, Onicca Davida également découvert un nouveau regard sur le théâtre :
"C’était une première pour moi de mettre en scène et de diriger un groupe. Habituellement, je préfère jouer, mais cet exercice m’a montré une autre facette du théâtre. Les conseils d’Aristide Tarnagda m’ont donné des pistes pour m’améliorer et peut-être envisager la mise en scène dans mes futurs projets."
Ce travail a permis aux élèves de développer leur autonomie artistique et de mieux comprendre la responsabilité d’un metteur en scène. Aristide Tarnagda, lui, a insisté sur l’importance de leur laisser la liberté d’explorer :
"Le théâtre doit leur permettre de rêver et d’imaginer le monde à leur manière. Je n’étais pas là pour leur dire comment faire, mais pour les aider à affiner leur regard et à comprendre la responsabilité qu’implique la mise en scène."
Un atelier qui compte pour leur parcours scolaire
Au-delà de l’expérience artistique, cet atelier s’inscrit pleinement dans leur formation au baccalauréat. L’option théâtre, qui compte pour un coefficient 16, exige un véritable engagement des élèves.
"Les élèves doivent voir une douzaine de spectacles par an et réaliser des dossiers d’analyse," explique Julie Vernier.
Ce type d’atelier leur permet non seulement de développer leurs compétences artistiques, mais aussi de gagner en assurance et en rigueur face à l’épreuve finale.
Le théâtre de Kokolampoe, partenaire du lycée, joue un rôle essentiel dans cet accompagnement. En plus de ces rencontres avec des professionnels, les élèves bénéficient d’un suivi et d’ateliers adaptés à leur niveau, afin de les préparer au mieux à l’examen du baccalauréat.
"Nous avons beaucoup de chance de pouvoir accueillir des metteurs en scène de renom. Cela permet aux élèves d’avoir une approche concrète du théâtre et d’être mieux préparés pour leur épreuve," ajoute Julie Vernier.
Un premier pas vers de nouvelles perspectives
Pour ces élèves, cette immersion dans la mise en scène et l’analyse théâtrale a été bien plus qu’un simple exercice. Elle leur a permis d’affiner leur regard sur le théâtre, de mieux comprendre les enjeux de la mise en scène et de renforcer leur engagement artistique.
Comme le résume Aristide Tarnagda :
"Le théâtre, c’est apprendre à se tenir debout, à s’exprimer, à poser son regard sur le monde. Et ces jeunes ont toutes les clés pour y parvenir."
Une expérience marquante, qui, pour certains, pourrait bien être le point de départ d’une véritable vocation.
Après ces représentations scolaires des 12 et 13 mars, Mère Prison se poursuit avec deux soirées ouvertes au grand public, ce vendredi 14 et samedi 15 mars à 20h, à la Case Théâtre du Camp de la Transportation. Une occasion pour les spectateurs de plonger dans cette œuvre bouleversante d’Emmelyne Octavie, mise en scène par Aristide Tarnagda, et d’explorer les profondeurs des liens familiaux face à l’incarcération.