En Guyane, la pêche illégale ne concerne pas uniquement le proche littoral. Le grand large est également concerné par ce phénomène qui entraine le pillage des ressources halieutiques et des répercussions sur la biodiversité. Au cours du mois de septembre et d'octobre, deux navires vénézuéliens ont été interceptés par la Marine Nationale. Ils naviguaient à 80 km des côtes guyanaises.
10,8 tonnes de thazards saisies
L'interpellation la plus récente s'est tenue le 10 octobre 2022. Ce jour, l'état-major alerte le patrouilleur "La Confiance" - arrivé en décembre 2016 en Guyane - d'une incursion probable de bateaux vénézuéliens illégaux à 90 km de nos côtes, près du Suriname. Sur place, la zone est inspectée par les hommes de la Marine Nationale à l'aide d'un radar (pour ne pas être repéré).
Au petit matin du 11 [octobre 2022], je décide de mettre à l'eau une embarcation rapide équipée avec une équipe de contrôle de six personnes pour se diriger vers cette zone, où je repère trois possibles bâtiments de pêche illégaux.
Lieutenant de vaisseau Thibault GUYOTJEANNIN - Commandant du patrouilleur "La Confiance"
Un bateau vénézuéliens, le "Zocarcero" est alors identifié. Ce navire récidiviste avait déjà été repéré par l'Armée Française en septembre. Il était en pleine activité de pêche illégale. Le 11 octobre, 10 tonnes de thazards sont saisies à bord du navire. L'équipage ne disposait d'aucune licence de pêche. La cargaison a dû être détruite par destruction et rejet à la mer. Le navire, d'abord ramené à Kourou, a été rapporté au Suriname. Quant au capitaine du Zocarcero, il a été entendu par les autorités.
Des contrôles difficiles
Une autre fois, le 15 septembre 2022, un autre navire du Venezuela est contrôlé à 110 km au large de l'ouest guyanais. A son bord : 17 tonnes de thazards et 60 kg de vessies natatoires. La marchandise, illégale, est alors saisie. Chaque année, près de 10 bateaux sont ainsi interceptés au grand large de la Guyane, dans la zone économique exclusive du territoire.
Dans la zone qui nous intéresse [...] on constate une présence des pêcheurs du Venezuela. Ces pêcheurs sont, en partie légaux, puisqu'ils disposent de licences de l'Union Européenne et en partie illégaux, puisque certains pêcheurs ne disposent pas de ces licences
Capitaine de vaisseau Laurent Martin - Commandant de la zone maritime, assistant de Préfet pour l'action de l'état en mer
Seulement, la zone à contrôle s'étend sur 126 000 km². L'Armée dispose de moyens aériens ponctuels et de navire qui s'occupent déjà des activités de pêche illégale du littoral. Les contrôles ne sont donc pas évidents à réaliser. Par ailleurs, pour intercepter un navire, les autorités doivent avoir, à la fois : une présence de pêcheurs en flagrant délit, un moyen de contrôle et un moyen de sanction. Une démarche difficile à exécuter dans cette zone éloignée de la côte guyanaise.