Une vérification que l’on a tendance à oublier... Nos vaccins sont-ils à jour ? Bien qu'aucun cas de poliomyélite n’ait été signalé sur le territoire guyanais, un lot d’échantillons d’eaux usées de Guyane a récemment révélé la présence du poliovirus dérivé de souche vaccinale.
Suite à cette découverte, l'Agence Régionale de Santé a lancé une campagne de rattrapage vaccinal contre la poliomyélite dans les secteurs où les échantillons concernés ont été prélevés : Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury et Saint-Georges de l'Oyapock.
Cette actualité a incité Pierre-Yves Carlier, un patient, à faire son rappel : “Quand il y a eu le signalement du virus de la polio il y a quelques jours, ça m’a rappelé que j’aurais dû le faire l’an dernier, c’est pour ça que j’ai pris rendez-vous à la pharmacie.” C'est désormais chose faite.
Un vaccin oral à l'origine de la circulation
Mais comment ce virus est-il arrivé dans nos eaux usées ? Louis Valantin, pharmacien dans le service veille et sécurité sanitaire à l’ARS, a une théorie :
Il y a peut-être de la circulation de ce virus en Guyane car le plus souvent, la maladie est asymptomatique. Mais on sait que chez nos voisins, au Brésil, au Suriname, en Haïti, on utilise un vaccin oral, qui peut se retrouver dans les selles. Le virus présent dans ce vaccin peut muter dans la nature et devenir contagieux.
Depuis la détection du poliovirus dans les eaux usées, l’ARS a renforcé la vigilance. “Il n’y a pas d’inquiétude a priori. Aujourd’hui, il n’y a pas de cas, ni de suspicion de cas. Mais pour éviter la propagation, il faut renforcer la vaccination au maximum”, ajoute Louis Valantin.
Les soignants sont toutefois invités à surveiller les cas de paralysie. Un relevé des vaccinations des enfants a aussi été réalisé dans près de 80 écoles. Enfin, les professionnels du secteur de l’assainissement sont incités à faire leur rappel. Tout le monde n'est pas à jour.
“La population n’est pas toujours bien vaccinée, que ce soient les professionnels ou les élèves. Il y a besoin d’organiser un rappel”, indique le pharmacien au sein du service veille et sécurité sanitaire à l’ARS. Jusqu’à mi-décembre, une campagne de rattrapage est organisée auprès des professionnels. Elle aura lieu à partir de mi-janvier dans les écoles.
La poliomyélite, c'est quoi ?
D'après les explications de Claire Grenier, médecin chargée de la stratégie vaccinale à l'Agence Régionale de Santé de Guyane, la poliomyélite est une maladie liée à un virus qui peut entraîner dans certains cas des symptômes très graves, en particulier des paralysies, qui laissent des séquelles à vie.
Cela s'attrape lorsque l'on est en contact avec le virus, soit par contact avec les eaux usées, soit par transmission directe de quelqu'un contaminé avec des mains salles ou des transmissions oro-fécales et éventuellement des transmissions d'homme à homme.
Elle ajoute : "la seule façon de s'en prémunir, c'est la vaccination. La primo-vaccination est obligatoire pour les enfants : à deux mois, à quatre mois, à onze mois. Il y a un rappel à six ans puis entre 11 et 12 ans. Enfin, le rappel a lieu à 25 ans, 45 ans, 65 et enfin tous les dix ans."