À 43 ans, Il ressemble à un adolescent, l’œil vif, en mouvement, et le regard perçant de ceux qui sont bien décidés à vivre leur rêve jusqu’au bout. D’une voix posée, Florent Pouzet raconte son périple avec simplicité et humilité. À l’entendre, faire un tour du monde à vélo et en voilier, est d’une facilité extrême. Il suffit juste de le décider et avoir la foi en son rêve.
La grande aventure
Un jour, en 2019, il a abandonné la douceur d’une vie déjà écrite, pour une grande aventure, une découverte de la flore et la faune des cinq continents, la biodiversité en mouvement. Florent est naturaliste, spécialiste des sciences naturelles. Il observe la nature, qui en fonction d’infinis paramètres se transforme, s’adapte, change, tout en restant immuable, rythmée par les saisons et les mouvements de la planète. Il n’avait plus envie de la déchiffrer, dans le confort de son laboratoire mais bien de s’immerger, d’être "inside" : un naturaliste nomade.
J’ai travaillé dans des bureaux d’étude spécialisés en expertise des milieux naturels pendant des années et des années à Nantes. J’ai travaillé comme expert durant 10 ans. J’ai eu aussi ma propre société durant cinq ans. Et puis j’ai décidé de faire un tour du monde à vélo et à la voile, à la découverte de la biodiversité mondiale et notamment des réserves de biosphère de l'Unesco. L’idée, c’était durant 4 ans d’avancer lentement, pour assimiler petit à petit les différents écosystèmes, de la faune et de la flore et de voir le climat océanique de Nantes se transformer en climat méditerranéen, devenir très chaud dans les pays du Maghreb, dans le Sahara que j’ai traversé à vélo. J’ai fait la France, l’Espagne le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, le Cap vert, la Martinique et la Guyane.
Florent Pouzet, le naturaliste nomade
Pause guyanaise
Des voyages qu’il détaille dans son blog et sur les réseaux sociaux. Il a même une lettre d’information, qu’il envoie régulièrement à ses contacts, de plus en plus nombreux. Florent Pouzet raconte ses aventures, ses rencontres, ses galères, mais surtout communique l’émerveillement qu’il ressent devant la beauté du monde. Son autre passion est la photographie, plus que des mots il montre et partage ses univers.
Et puis, vient la Guyane qui le capture. La Guyane, un territoire aux palettes illimitées à la biodiversité éclatante. Une évidence pour Florent. Il s’y arrête, pensant y rester quelques semaines, passage obligé pour se rendre dans les Andes. Mais coup d’arrêt brutal : la crise sanitaire éteint ses rêves.
Dans un premier temps, il est perdu et puis des portes s’ouvrent. Il travaille un temps à la station des Nouragues du CNRS (centre national de la recherche scientifique) puis durant deux ans, sera directeur du Conservatoire d'espaces naturels de Guyane.
La Guyane c’était une destination obligatoire, c’est la troisième fois que j’y viens. C’est le territoire idéal, l’accès est très facile en termes de logistique, langue etc. … Et puis l’accès à la nature est facilité. Il y a d’autres pays tropicaux comme le Costa Rica par exemple où les parcs nationaux sont payants, il faut payer pour entrer. En Guyane, dans mon voyage c’était ma première étape tropicale, avant j’étais sur le désertique, le montagnard. Je suis arrivé en février 2020, j’avais fait déjà 6 mois de voyage, j’avais traversé le Sahara à vélo et l’Atlantique à la voile, j’avais fait pas mal de choses. J’ai décidé de me poser un mois. Et la pandémie est arrivée, confinement, fermeture des frontières. Je suis resté trois ans et demi. Au début j’étais très frustré et puis finalement je me suis aperçu que s’il y avait un endroit où je pouvais étudier la nature c’était bien la Guyane.
À nouveau, le départ
Florent Pouzet prend la route à vélo ce dimanche, direction Macapa, pour y remonter le fleuve Amazone jusqu’au Pérou en bateau.
Son tour du monde des réserves de biosphère de l’Unesco l’amènera dans les Andes, en Equateur, en Colombie avant de traverser l’océan Pacifique pour se rendre en voilier en Polynésie.
Ça a été une superbe aventure. Ce que je retiens ? C’est difficile de faire un bilan. Je comprends et j’assimile les changements climatiques et la biodiversité en fonction des pays que je traverse. Je les comprends mieux. Je fais un voyage pour vivre mon voyage, je fais des enregistrements sonores, j’écris un petit peu, l’objectif c’est de vivre intensément et de profiter du moment de l’instant présent. J’ai envie de faire percevoir la vraie nature. Avec l’écrit ou la photo, j’oblige à partager ma perception. C’est très fort.
Le naturaliste nomade lors de sa halte guyanaise, a publié un ouvrage d’art intitulé "Guyane nocturne", un album de photographies où il partage le récit d’une nuit dans la forêt amazonienne : les bruits, la voûte céleste, les animaux, une parenthèse hors du temps. Un livre, qui dévoile la quête de sens de Florent Pouzet.