Portrait : Diriger une entreprise d’assainissement un challenge réussi pour Anaïs Durand

Anaïs Durand, 28 ans, est à la tête d'une entreprise d’assainissement depuis maintenant trois ans. Elle exerce dans un milieu dit masculin. La jeune femme a succédé à son père et s’impose aujourd’hui comme une véritable cheffe d’entreprise.

Amazonie environnement a vu le jour en 1998. L’entreprise compte à présent 10 salariés dont 9 sont des hommes. Cette société requiert une organisation stricte. Une fermeté autrefois apportée par le père d’Anaïs Durand, Philippe Durand. Suite à un accident cardiovasculaire, il a dû mettre de côté ses fonctions et passer le flambeau à sa fille alors âgée de 26 ans à l’époque.

Faire face à l’imprévu

Initialement, Anais Durand n’envisageait pas d’intégrer le domaine de l’assainissement. Elle a notamment  tenté de devenir commerciale par le biais d’une licence de responsable en commerce international.

 “L’accident de mon père est survenu subitement et j’ai donc dû faire face à l’imprévu”, dit-elle avec émotion. La jeune femme a décidé de reprendre les rênes de la société pour soutenir sa famille…mais aussi dans l’espoir de ne pas perdre cette entreprise qui l’a vu grandir.

Une femme de caractère

Anaïs est la cadette d’une fratrie de trois enfants. Avec ses deux frères, elle a dû s’imposer et affirmer son caractère.

"Les disputes étaient souvent des bras de fer parce que je refusais de laisser tomber”, se souvient-elle avec nostalgie. Le fait que mon père m’ait tout appris a été un avantage considérable pour la gestion de l’entreprise, surtout en tant que femme débutante dans le milieu [...] Travailler dans un cadre entièrement masculin m’a appris à m’affirmer tout en gardant un esprit de cohésion au sein de l’équipe."

 Elle ne s’est pas laissé décourager par certaines attitudes à caractère sexiste.

"J’ai été confrontée à des attitudes qui mettaient surtout en avant mon appartenance à la gente féminine : sur un chantier les hommes ont souvent tendance à s'adresser à mes salariés hommes plutôt qu'à moi, déplore-t-elle."  

Heureusement, la cheffe d’entreprise n’est pas seule. Son conjoint est de l’aventure et la seconde :

“Mon conjoint, qui se trouve être aussi mon bras droit et le futur co-gérant de la société, m’a beaucoup épaulé à ce moment précis. Je n’aurais pas pu affronter ce nouveau tournant professionnel sans son soutien”, souligne-t-elle, sourire aux lèvres.

Cependant, au début de sa reconversion professionnelle dans le domaine de l’assainissement, certaines réalités ne lui étaient pas encore apparues. : "J’ai dû m'habituer à certaines facettes du métier qui n’étaient pas les plus agréables. Les émanations pestilentielles des défécations humaines peuvent vraiment vous faire revoir votre projet de vie" raconte la jeune femme en s’esclaffant.

Une fonction multitâche

"Je m’occupe de tout ce qui concerne les relations clients, la gestion  des ressources humaines, la réponse aux appels d’offres, l'exécution des plannings, la réalisation des devis, le suivi des chantiers, le maintien de la relation avec les clients ainsi que le lancement des équipes. C’est pas mal de travail et j’essaie tant bien que mal d'être sur tous les fronts. Je m’efforce d’être multitâche".

Le rythme de travail d’Anaïs a considérablement augmenté :

" Il m’arrive certaines fois de quitter mon bureau à 22 heures. Je rentre à la maison avec mon compagnon et les enfants sont déjà couchés. "

Sa nouvelle vie de gérante lui réserve beaucoup de surprises, certaines plus agréables que d’autres : "Il m’est arrivé de rencontrer un client  qui ne savait pas que l’ancien gérant était mon père, il s’est donc présenté à moi en me disant : votre mari devrait être fier. J’ai trouvé cette situation plutôt amusante" raconte Anaïs Durand.

Anaïs Durand, cheffe d'entreprise de Guyane Assainissement


"J’espère rendre mes parents fiers"

Cette entreprise de 24 ans maintenant s’apprête à vivre un grand changement, sa transmission officielle aura lieu durant le premier trimestre de l’année 2023. La société d’assainissement a été créée lorsque la jeune femme n’avait que 4 ans. La structure est, de ce fait, considérée presque comme un membre de la famille.

"Mon père a toujours affirmé qu’il avait quatre enfants et non trois en comptant la société” précise la directrice amusée. J’ai beaucoup de photos prises au sein de l’entreprise alors que je n'étais qu’une enfant. C’est drôle de se dire que les personnes avec lesquelles j’ai été prise en photo sont aujourd’hui mes collègues.", assure la jeune femme avec une once de mélancolie. Je veux vraiment faire de cette entreprise une famille. La même famille dans laquelle j’ai moi-même grandi autrefois. Lorsque je venais parfois à la sortie de l’école, là où je passais mon temps à jouer et à discuter avec cette équipe. »

Aujourd’hui la société se porte bien. Il y règne une bonne atmosphère de travail.

"Durant mes trois années en tant que directrice, j’ai effectué certains changements qui me semblaient nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise. J’ai changé certains membres du personnel et instauré de nouvelles règles afin de renforcer la cohésion d’équipe".

Assurer un  avenir durable à cette entreprise est le vœu le plus cher d’Anais Durand.

 "Cela représente un challenge pour moi. J’espère rendre mes parents fiers en continuant à faire évoluer l’entreprise comme eux l’ont fait avant moi".