Pour Sergine, pas de défilé en diablesse dans les rues ce 2 mars. Pas de bal « paré-masqué » en noir et blanc ce soir. Le carnaval a pris fin pour elle, sans regret avec quelques souvenirs de plus dans son escarcelle. Finalement après quelques tergiversations Sergine s’est laissée embarquer dans un dernier bal celui du mardi gras en rouge noir mais avant elle est revenue sur le bal de samedi.
Un dernier samedi de rêve
Il est 12h ce mercredi, debout dans sa cuisine, un café à la main, avec sa voix de petite fille, le rire aux lèvres, elle raconte ses deux dernières soirées :
« Samedi, j’avais rendez-vous avec une copine qui, au dernier moment, m’a lâchée. Qu’importe ! J’avais trop envie de danser ! Mon costume était prêt. Je suis allée manger ma soupe chez une autre qui ne pratique plus. Je me suis habillée tranquillement et avant minuit, j’étais à Polina. J’ai retrouvé certains de mes cavaliers du samedi précédent dont celui de « chevrotine en lè yé ». Un danseur divin. Je suis allée le chercher à trois reprises au cours de la soirée. Nous sommes mêmes sortis pour boire. J’avais très envie d’échanger avec lui mais nous nous en sommes tenus là…"
Le regard de Sergine se fait plus rêveur et la main levée, elle en oublie même de boire son café. Elle secoue la tête et reprend son récit :
« Je suis retournée dans la salle, j’ai attrapé un journaliste très connu et nous avons partagé une biguine endiablée. Sa chemise bien amidonnée sentait très bon. Il l’a bien mouillée en enfilant danse sur danse jusqu’à quatre heures. C’était vraiment trop bien, franchement, seule la danse peut me conduire à une telle performance physique, c’est extraordinaire non !
Un mardi gras endiablé
Mercredi des cendres,11h20, c’est un moteur de "couper l'herbe" qui a raison du sommeil de Sergine. Oui, oui, dit-elle encore toute émoustillée de sa soirée presque improvisée. Elle se prête au jeu des questions avec une certaine complaisance. Elle a dû améliorer son vieux costume rouge, le customiser rapidement, un peu de doré par ci par là, renforcement de la coiffe avec du carton et voilà le tout est joué.
A 11h du soir, elle s’est présentée chez Polina. Beaucoup de touloulous étaient déjà là.
«Franchement, à part deux cavaliers assez médiocres, je ne me suis pas trompée sur mes choix. Il y a eu le must : celui qui m’a fait vivre le meilleur moment de danse. Le plaisir d’une mazurka glissée, envolée, piquée et c’était partagé, cela se sentait en dansant. Le danseur m’a félicitée.»
En s’esclaffant, Sergine poursuit son récit. Certains soirs, quand elle est bien rôdée et selon son humeur, elle choisit un cavalier derrière les rangs dont les vêtements secs laissent penser qu’il n’a pas beaucoup dansé. C’est sa B.A. :
« Cette nuit, j’ai attrapé sa main alors qu’il se tenait contre un mur et je l’ai conduit sur la piste, il dansait bien. À la fin, j’ai découvert qu’il était mal voyant. Je l’ai raccompagné à sa place. Et je l’ai réinvité une autre fois. »
Sergine analyse ses trois soirées :
« Les deux samedis précédents, il y avait surtout des afficionados, des « accros » des bals parés masqués. Cela se sentait. Ce mardi, c’était différent mais le plaisir était là. Après cette période covid, on sent vraiment que ce type de danse a manqué. Moi, à certains moments, j’ai eu des bouffées de joie, j’étais vraiment heureuse de ces moments de danse. Les sons produits par l’orchestre : les cuivres et la virtuosité du guitariste s’immisçaient dans mon corps. J’ai bien eu un changement de chaussures à 3h, quelques pauses (très peu), et j’ai quitté la salle à 5h passé … »
Un grand sourire et :
"Plus de débroussailleuse, je vais me coucher!"