Il est le dernier survivant guyanais de la Seconde Guerre Mondiale. Auguste Plenet a fait partie des tout premiers pilotes noirs à appartenir à l’aviation française. Témoin de l’Histoire, le vétéran a rencontré les élèves du lycée Balata et des membres de l'armée le vendredi 18 février 2022. L’initiative vient du centre du service national et de la jeunesse de Guyane. L’objectif : renforcer les liens entre l’armée et les jeunes par un travail de mémoire.
Souvenir du départ à l’armée
Auguste Plenet est né au mois de septembre 1924. Lorsqu’il s’est engagé dans l’armée française, il avait 18 ans. Aujourd’hui, il en a 97. Il a encore en mémoire les premiers moments liés à son engagement. "Le jour de notre départ de Cayenne, le bateau a retardé son appareillage. On se demandait ce qu’il attendait", se rappelle-t-il.
A un moment, on a vu le professeur de mathématiques du lycée, il s’appelait monsieur Paul Kapel. Il arrivait sur son vélo. A côté de lui, il y avait notre camarade Jean Ho-You-Fat. Il n’était pas encore sur le bateau, alors que nous y étions. On a compris, plus tard, qu’on a retardé le départ du bateau parce que Jean Ho-You-Fat passait l’oral du bac. C’est pour ça que M. Kapel l’a accompagné.
Auguste PLENET
Comme le rappelle Auguste Plenet, certains jeunes se sont engagés directement après leur sortie du lycée. Lui, avait arrêté l’école avant de partir combattre pour la France lors de la Seconde Guerre Mondiale. Avant d’arriver en Hexagone, le bateau a fait escale en Martinique. "On nous appelait ‘les p’tits Guyanais’", se souvient le vétéran.
L’aviation, l’élite de l’armée
Il y avait alors des volontaires pour l’armée de terre, et d’autres pour la marine, mais personne pour l’aviation. Un membre de l’armée a proposé à 20 engagés de rejoindre la branche aérienne de l'armée. A cette époque, les membres de l'aviation était vu comme "l'élite". Auguste Plenet et 19 autres camarades ont sauté sur l’occasion. Ils ont été les premiers pilotes guyanais. Auguste Plenet était, plus exactement, pilote de chasse.
Un devoir de transmission
Pour lui, c'est une grande fierté d'avoir répondu à l'appel du général de Gaulle. Il donne aussi une grande importance au devoir de mémoire. C'est la raison pour laquelle il intervient auprès des lycéens des établissements scolaires de Guyane. "J'ai tenu à rencontrer [les élèves du lycée Balata] parce que c'est à cet âge que je suis parti", dit Auguste Plenet.
Je considère que ce que nous avons fait [...] ça mérite d'être raconté, et ça mérite le titre de modèle, d'exemple, d'expérience pour les jeunes de cet âge. C'est pour ça que j'ai tenu à communiquer avec eux et je suis très satisfait d'avoir pu le faire.
Auguste Plenet
"C'était une montagne à bousculer"
L'ancien pilote de chasse souhaite que son histoire -et celle de ses 19 camarades ayant rejoint l'aviation- soit racontée. Il rappelle le racisme dont les Guyanais ont été victimes durant leur parcours. Le nonagénaire se souvient que certains hauts placés leurs demandaient de quitter l'armée de l'air pour rejoindre l'armée de terre.
"C'était une montagne à bousculer", estime Auguste Plenet. Pour que l'Histoire ne soit pas oubliée, il a écrit un livre à ce sujet : Pilotes de l'Empire: Mémoires d'un engagé volontaire pour la durée de la guerre 1939-1945 (éd. Du Panthéon). Enfin, il tient à rappeler aux plus jeunes qu'il est important de ne pas abandonner ses projets.