Rencontres philosophiques au lycée de Balata avec Christiane Taubira

Pour préparer cette rencontre les lycéens ont dû lire des extraits de ses ouvrages : L’esclavage raconté à ma fille (2002), Mes météores (2012),  Paroles de liberté (2014), Ces morceaux de vie … comme des carreaux cassés (2021).
Ils ont donc rédigé leurs questions, préparé les présentations et surtout se sont entrainés pour ces prestations, y compris celles retenues pour les lectures d’extraits de son dernier livre. 

Des échanges nourris

D’ailleurs une question concernait le récit de Claire. Extraite de son dernier ouvrage, un recueil de nouvelles : Ces morceaux de vie … comme des carreaux cassés cette question  actait l’épreuve d’une esclave marron ayant réellement existé en Guyane. Dans sa réponse, Christiane Taubira a repris le terme de fuite employé par un élève. Elle a tenu à préciser que pour elle, le marronage n’est pas une fuite, il s’agit d’une rupture, d’un affrontement au système. Les personnes décident de rompre et elles sont prêtes à en payer le prix.

Un autre élève a exprimé ce paradoxe d’être dans la peau « d'un esclave devenu libre » qui se demande s’il est vraiment libre ou s’il lui reste des étapes à franchir et combien encore. Le jeune homme a déploré avec ses mots que l’indépendance de son pays de naissance, Haïti, qui remonte à deux siècles, n’ait pas suffi à établir une véritable liberté. Christiane Taubira, tout en relevant le coût économique de cet acte libératoire, a souligné que l’abolition de l’esclavage est aussi le début de longs processus douloureux et complexes ce qui suppose, cette fois, un coût plus psychologique. Se libérer de siècles d’humiliation et d’oppression implique un travail long et pénible et ne peut faire l’économie d’un véritable travail de mémoire toujours à actualiser.

Questionnée sur les attaques subies durant son parcours de vie, Christiane Taubira a rappelé que les descendants d’esclaves souffrent toujours du racisme, et que la libération « dans les têtes » n’est pas totalement accomplie et doit se poursuivre aussi à travers la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Des échanges qui ont impressionnés les lycéens

Ces élèves de ce cours de philosophie en prise directe avec Christiane Taubira ont beaucoup apprécié la richesse de cet échange comme en témoigne Jennifer Pierre, «…La rencontre avec Mme Taubira a été extrêmement enrichissante…Pour ma part, je trouve cette femme inspirante. Ce fut un honneur de l’avoir eue avec nous. »
Cet autre élève, Steevens Saint-Thomas avoue « J’ai pu me rendre compte à quel point mes connaissances par rapport au passé de mes ancêtres étaient très pauvres. D’autre part, madame Taubira nous a confié une tâche à nous hommes et femmes de demain une mission, celle de continuer son combat. ».
Nalenshy François tout en souriant affirme : « J'ai été honorée de l'avoir rencontrée, elle est une grande inspiration pour moi, grâce à cette visite elle m'a donné confiance en moi et elle m'a dit de ne jamais douter de moi...ses mots m’ont énormément touchée et je suis très admirative. »

Et le mot de la fin revient à Exama Adianie :  

« Merci pour votre visite, votre enthousiasme et le fait d’avoir pris le temps d’échanger avec nous sur votre parcours, l’analyse que nous avons faite sur vos recueils nous a profondément poussés à poursuivre dans nos études. Vous êtes un exemple pour beaucoup. Votre vécu et vos encouragements me poussent à méditer sur cette citation : Poursuis pour ce que demain a à t’offrir et oublies ce que hier t’a enlevé. »