Retour d'El Niño : Quel impact sur la Guyane ?

El niño + réchauffement climatique = écosystèmes en danger
Selon Patick Ramson, responsable adjoint du centre météorologique de Guyane, le phénomène d'El Niño est officiellement de retour depuis un mois. Pour la Guyane, un déficit pluviométrique est à prévoir.

Déficit des précipitations, augmentation des températures... Les prévisions annoncent que la Guyane va être soumise à des conditions météorologiques sèches dans les prochaines semaines. Au cours du mois de juin, il a fait chaud : 35 degrés à Saint-Laurent et à Camopi, 36 degrés à Cacao... Les températures sont au-dessus des normales de saison.

"Il fait plus chaud qu'avant, et ça continue"

"L'ensoleillement excédentaire qu'on a pu observer au cours du mois entraîne des températures plus hautes que la normale. Il y a aussi le changement climatique qui entre en jeu, mais qui est un phénomène qu'on observe depuis longtemps. Les records de températures sont assez récents, il fait plus chaud qu'avant et ça continue. Il va falloir s'y habituer", explique Patrick Ramson, responsable adjoint du centre météorologique de Guyane, au micro de Guillaume Perrot et Karl Constable.

Pourtant, en 2021 et 2022, la pluviométrie était excédentaire. Comment expliquer ce changement ? La réponse se trouve dans le passage d'un phénomène océanique à autre, celui de La Niña à celui d'El Niño.

El Niño et la Niña, deux phénomènes météorologiques opposés

El Niño et La Niña sont deux phases opposées du phénomène connu sous le nom d'ENSO (El Niño - Southern Oscillation). Ce cycle affecte le régime des vents, la température de la mer et les précipitations.

El Niño se caractérise par un réchauffement anormal des eaux de surface de l'océan Pacifique tropical. Lorsqu'un épisode d'El Niño se produit, les alizés faiblissent et les eaux chaudes de l'ouest du Pacifique se déplacent vers l'est. Ce phénomène entraîne le réchauffement des eaux de surface près de la côte de l'Amérique du Sud, perturbant les régimes de précipitations et les schémas climatiques.

À l’inverse, la Niña se réfère à un refroidissement de ces mêmes eaux. Les alizés se renforcent et provoquent des schémas climatiques opposés à ceux observés pendant El Niño. Par exemple, les régions qui ont connu des pluies abondantes pendant El Niño peuvent connaître des sécheresses pendant La Niña, et vice versa.

Selon Patrick Ramson, le retour d'El Niño risque de provoquer une phase plus sèche : "On sort de la phase de La Niña. Lorsqu'on arrive dans une phase d'El Niño, la zone côtière du Pérou devient très pluvieuse, et la Guyane dans une phase de sécheresse. Cet été, la saison sèche devrait être normale. Mais on peut imaginer que si la phase d'El Niño s'intensifie, la Guyane pourrait connaître une phase de sécheresse", indique-t-il.

Un impact planétaire

L'interaction entre El Niño et La Niña peut avoir des conséquences significatives sur les systèmes climatiques mondiaux. Le cycle d'ENSO a une influence sur la variabilité climatique à l'échelle planétaire, affectant les schémas de température, les précipitations et les événements météorologiques extrêmes dans de nombreuses régions du monde.

La surveillance et la prévision de ces phénomènes sont essentielles pour aider à atténuer leurs impacts potentiels sur les populations, l'agriculture, les écosystèmes et l'économie. En 2016, El Niño avait en partie été responsable de l'année la plus chaude jamais enregistrée.