A l'occasion de la journée de sensibilisation au syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) - qui se tient le 9 septembre - des équipes mobiles de santé publique en commune (EMSPEC) de Guyane se sont rendues sur des sites éloignés. Ces 24 heures de mobilisation, également appelées SAFTHON, sont l'occasion de rappeler que la consommation d'alcool pendant une grossesse peut engendrer de lourdes conséquences sur la santé de l'enfant.
Cécile Cascar, infirmière coordinatrice en addictologie et réduction des risques et des dommages, s'est rendue à Grand-Santi avec une EMSPEC, des membres du centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) et des soignants du Centre Départemental de Dépistage et des Soins (CDDS). Ils ont tenu un centre de prévention devant le dispensaire de la commune.
"On a un jeu "Vrai ou Faux" sur les idées préconçues par rapport à la consommation d'alcool pendant la grossesse et on parle aussi de la consommation d'alcool pendant l'allaitement et des risques que cela peut entrainer pour l'enfant", explique Cécile Cascar.
Quand on consomme de l'alcool pendant la grossesse, quelle que soit la quantité, il y a un risque pour le développement du fœtus, notamment au niveau cérébrale et cardiaque. Principalement, sur le développement cérébrale, ça peut produire des enfants qui auront du mal à suivre à l'école, qui ont aussi plus de risques de tomber dans des addictions par la suite.
Cécile CASCAR, infirmière coordinatrice en addictologie et réduction des risques et des dommages
Ce n'est pas tout, dans l'une des formes les plus complètes du syndrome d'alcoolisation fœtale, l'enfant peut avoir des déformations, notamment au niveau de son visage.
"Malheureusement, il y a peu de chiffres sur ce trouble là", déplore l'infirmière. Il est difficile de détecter un enfant atteint de SAF à la naissance, en particulier ceux qui n'ont pas la "forme complète" de la pathologie. Les premiers signes apparaissent lorsqu'ils rentrent à l'école.
Le message qu'on fait passer, c'est vraiment zéro alcool pendant la grossesse. Parce qu'on ne connaît pas le ratio quantité / effet. Il peut y avoir une femme qui boit une bière, ce qui provoquera de gros impacts et une autre [qui en consomme autant] pour qui tout va bien se passer.
Cécile CASCAR, infirmière coordinatrice en addictologie et réduction des risques et des dommages
Justement, au sujet des bières, Cécile Cascar tente de mettre fin à une idée préconçue liée à l'allaitement. "Certaines femmes remarquent une augmentation de la montée lait quand elles consomment de la bière. Même si elles font ce constat, la montée de lait se fait naturellement. Au final, le bébé boit du lait maternelle contenant de la bière", indique l'infirmière.
Un travail de prévention important
Par ailleurs, de nombreuses mamans pensent qu'une petite consommation d'alcool pendant la grossesse est sans gravité. Pour mettre fin à ces idées reçues, l'équipe de prévention s'est aussi rendue dans les collèges de Grand-Santi, auprès des élèves de 3ème. Ils ont bénéficié d'un atelier ludique pour comprendre les dangers de l'alcool.
Finalement, plus d'une vingtaine de personnes ont pris le temps de s'informer sur le syndrome de l'alcoolisation fœtale au dispensaire de Grand-Santi. Une animation s'est ensuite tenue au bourg de la commune pour un travail de sensibilisation sur un plus large public.
Selon les données nationales du Baromètre santé 2017 publiées par Santé publique France, 1 femme sur 10 a déclaré avoir consommé de l'alcool occasionnellement pendant sa grossesse. L'étude révèle également que "près de 6 femmes sur 10 ont déclaré avoir été informées des risques de la consommation d'alcool par le médecin ou la sage-femme les suivant ou les ayant suivies".