Santé : après la Covid-19 et la dengue, la leptospirose vient dégrader encore plus la situation sanitaire locale

Les dépôts sauvages et les flaques d'eau sont propices aux rats (vecteurs) et à la maladie de la leptospirose
Le point épidémiologique du 22 mai dernier alertait déjà sur l’augmentation des cas de la maladie du rat. Ces deux derniers mois, près d’une quinzaine de patients sont passés par le service des maladies infectieuses, deux sont sortis récemment de réanimation.
 

Les raisons de cette subite augmentation de cas sont animale et météorologique :

Depuis quelques semaines on assiste à une importante recrudescence de la population de rats dans Cayenne et sa périphérie.
Une flambée sans doute liée au problème de ramassage des ordures ménagères pendant et après le confinement qu’a imposé le Coronavirus…
Ensuite, les fortes pluies de ces dernières semaines ont créé un peu partout, notamment dans les quartiers informels, de nombreuses flaques d’eau stagnante.
Or il faut savoir que les rats sont le réservoir de cette maladie et que ce sont eux qui souillent le milieu environnant avec leurs urines et propagent ainsi la maladie.

Le leptospire, qui ressemble à un petit ver, de la taille d’une bactérie, est très résistant dans l’eau.
Résultat, il suffit d’avoir une petite coupure ou une blessure au niveau du pied et de marcher en savate ou tong dans une flaque contaminée, pour être infecté.

Jeudi 18 juin, la CACL a réuni les services communaux de Cayenne, Matoury et Rémire-Montjoly (absent excusé), pour décider d’un plan d’action :
  • L’augmentation de la fréquence des collectes d’ordures ménagères et des encombrants
  • Une campagne massive de dératisation dans le chef-lieu et les quartiers informels
  • Lancement avec la fourrière privée, d’un programme de capture et de garde des chiens errants, ces derniers sont aussi réservoir de la maladie.
  • Une campagne de communication auprès des habitants des squats
Vendredi 19 juin, une autre réunion est organisée par les services sanitaires de l’Etat, avec les autres acteurs du dossier (mairies, EPCI). Ce sera l’occasion pour les élus d’essayer de contractualiser avec l’Etat les dépenses liées à la leptospirose. Car les collectivités ne veulent pas être les seules à payer la facture...
 

La leptospirose en Guyane :

Fin mai, le Centre Hospitalier de Cayenne (CHC) avait diagnostiqué six cas de leptospirose. Un patient en est décédé. Les cinq autres présentaient des formes graves.

Les premières données mondiales sur les leptospiroses ont été fournies en 1999 par le Centre Collaborateur OMS/FAO de référence et de recherche pour la leptospirose (Australie). Le changement climatique pourrait augmenter son incidence. Les leptospiroses sont des anthropozoonoses bactériennes des pays chauds et humides.

Ce n'est pas une maladie courante mais le nombre de cas a augmenté chez nous ces derniers mois. Les inondations récentes ne sont pas étrangères à la résurgence de cette maladie.
Les symptômes ressemblent beaucoup à ceux de la dengue : fièvre, douleurs, maux de tête... Une dégradation de l'état du patient peut amener à une atteinte du foie, des reins et à une baisse des plaquettes sanguines.

La maladie se traite aux antibiotiques et son délai d'incubation est de 3 à 10 jours.
En 2019, on estimait à plus d'un million de cas graves par an de leptospirose dans le monde, un chiffre très sous-estimé.

Leptosirose en Guyane