Créateur(trice) de bijou, couturier(e), frigoriste, boulanger(e) ou encore menuisier(e) en Guyane, l’artisanat propose des biens et des services de proximité à la population et ce dans une large variété de secteurs. Le territoire compterait à ce jour un peu plus de 6 000 entreprises, dirigées par des passionnés détenteurs de nombreux savoir-faire et qui pour certains, ne demandent qu’à transmettre.
Mise en place en 2019, la semaine de l’apprentissage dans l’artisanat a justement pour objectif de faire naître des vocations, de casser les idées reçues sur l’apprentissage, et de rendre un peu plus visibles les Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) qui jouent un rôle prépondérant dans la formation et l’accompagnement des apprentis.
Petit bémol en Guyane : cette semaine intervient alors que la CMA est en pleine restructuration après l’élection à sa tête de Vernita Chérubin le 13 décembre dernier.
Pour cette dernière, impossible de mettre en place quoi que ce soit en si court laps de temps: « On a officiellement lancé la semaine parce que c’est un évènement national mais il n’y a pas de rendez-vous concrets de prévu. Vous ne pouvez pas mettre des choses en place comme ça dès votre arrivée. Notre équipe doit déjà s’approprier l’outil, ainsi que le CFA.
Nous sommes entrain de découvrir les gros dysfonctionnements de ces machines laissés par l’ancienne mandature donc nous avons du pain sur la planche en ce moment », explique la nouvelle présidente qui poursuit : « nous n’allons pas faire des manifestations pour faire des manifestations, surtout si elles ne débouchent sur rien, nous ne sommes pas là pour jeter de la poudre aux yeux des gens » .
Vernita Chérubin évoque par là le manque de formations adaptées au territoire guyanais, une problématique à laquelle elle a la ferme intention de s’attaquer.
« Beaucoup d’ateliers sont fermés depuis plus de 5, 10 ans comme la mécanique, la plomberie, la menuiserie… L’objectif là c’est de les rouvrir, les remettre au goût du jour et de rajouter des formations innovantes.
Il y a bien des choses qui existent mais beaucoup ne débouchent pas forcément sur un emploi ici. Elles ne correspondent pas à la réalité de nos artisans et aux ambitions de nos jeunes ».
La présidente de la CMA Guyane de jeter même un pavé dans la mare : « Certaines formations ont été lancées avec juste 3 élèves dedans, c’est du n’importe quoi ! Alors moi je suis vraiment dans une autre dynamique, je veux travailler avec tout le monde, mettre en place des formations adaptées pour notre jeunesse guyanaise ».
Dans son viseur : le recyclage, l’optique ou encore la bijouterie.
Activer une coopération avec les pays voisins
Pour ce faire selon Vernita Chérubin, la Guyane peut tirer exemple de ce qu’il se passe au Brésil ou encore au Suriname pour sortir du marasme économique dans laquelle elle se trouve et rebooster l’emploi chez les jeunes.
Pour elle, une grande place doit être donnée à la transformation des richesses naturelles locales, sources de nombreuses filières innovantes comme la cosmétique.
Mais la collaboration, elle doit d’abord se passer intra-muros.
Il faut mettre l’entreprenariat au cœur de cette société en souffrance. Il faut arrêter de quémander et avoir enfin des offres qui amènent à des échanges.
Mais cela doit se faire avec l’aide de toutes les autres chambres consulaires. Et moi je n’ai aucun problème à travailler avec qui ce se soit.
L’artisanat est donc pour Vernita Chérubin, une vraie solution pour l’avenir certes, mais déjà pour le présent, et ce malgré la crise sanitaire.
La Covid 19 pour la présidente de la Chambre de Métiers ne doit plus être un frein au développement économique, aux envies d’entreprendre et d’être son propre patron : « On doit s’adapter maintenant et vivre avec. Si on doit s’arrêter sur ça, on n’avancera plus ! Là il faut vraiment relancer la machine et être au plus près de nos artisans et de notre jeunesse ».
L'apprentissage, solution au chômage
La clé se trouve donc dans la formation, une formation centrée sur les réalités du territoire, et plus précisément dans l’apprentissage. C’est aussi un bon moyen de lutter contre le décrochage scolaire tout en se professionnalisant, en ayant un salaire et une première expérience. Sur le plan national, 47 % de jeunes entrent directement en apprentissage après le collège. L’effectif est en hausse de + 9,5 % en moyenne nationale (par rapport à 2020).
- Les principaux secteurs qui ont pu bénéficier de cette croissance :
• les métiers de l’alimentaire (pâtisserie, boulangerie...) ;
• la mécanique automobile ;
• le bâtiment.
- Plus de 100 000 apprentis formés par les CFA du réseau
- 22% des apprentis de l’artisanat sont de jeunes diplômés en reconversion.
C'est quoi être artisan en 2022 ?
C’est la liberté, en se sentant accompagné. C’est pour cela que toutes les instances doivent travailler ensemble et parler d’une seule voix.
L’entreprenariat doit être au cœur de notre économie. On ne peut plus se satisfaire de tenter de faire émerger uniquement que des fonctionnaires.
C'est grâce à l'entreprenariat, l'artisanat que la jeunesse guyanaise va pouvoir vraiment se sentir mise au cœur de l’intérêt général, en se sentant impliquée dans cette société qui vit au-dessous du seuil de pauvreté
Si la CMA n’a pas organisé d’actions cette année, il est toujours possible d’obtenir plus d’informations sur une filière précise en se rendant sur le site cma-guyane.fr.
L'apprentissage Ouvert aux jeunes âgés de 16 à 29 ans (ou de plus de 15 ans révolus ayant achevé la classe de 3ème), l’apprentissage est un contrat en alternance. Les enseignements sont partagés entre les cours théoriques en centre de formation d’apprentis (CFA) et le métier pratiqué dans l’entreprise avec laquelle l’apprenti a conclu le contrat. |