Marie Sylvie Benoit, la secrétaire générale de la ligue de tennis de table de la Guyane parle sans fard des difficultés rencontrées dans sa discipline :
« Nous sommes en manque de cadres. Nous avons des compétiteurs talentueux au niveau régional et interrégional caribéen mais comme pour toutes les disciplines, nous avons une pénurie d’encadrants. Ce sont toujours les mêmes qui sont là et tiennent… ».
Cinq clubs dont un en sommeil
Actuellement, 4 clubs fonctionnent puisque que celui de Matoury s’est mis en sommeil. Le plus récent est celui de Macouria qui a ouvert en 2022. La ligue regroupe 83 licenciés bien loin des 300 d’il y a 10 ans. Ces licenciés sont essentiellement des compétiteurs.
Les structures sont peu nombreuses. Montjoly s’entraîne à Cayenne en attendant la reconstruction du dojo des Ames-Claires. Matoury n’a plus de salle ce qui a conduit à sa mise en sommeil. Saint-Laurent est en attente d’une salle spécifique Seul, le club doyen de Cayenne a sa salle spécifique au stade scolaire.
Dans cette ligue, il y a beaucoup de joueuses ce qui a permis de relancer pour 2023 un championnat féminin à 10 compétitrices. Une satisfaction pour les responsables. D’ailleurs, au sein de la ligue, le conseil est majoritairement féminin.
La volonté de mieux exister dans le paysage sportif guyanais
D’apparence facile, le tennis de table est cependant exigeant, il faut de la patience et des entrainements réguliers, de la concentration, une bonne coordination. Cela va vite, il faut suivre la balle et en même temps coordonner ses pieds, son bras etc…
Pour Marie-Sylvie Benoit, la discipline souffre réellement d’un problème de visibilité, de communication auprès des médias, des réseaux sociaux.
Elle rappelle que jouer au tennis de table ne coûte pas cher. Il existe des raquettes à 10 euros et la licence est peu élevée (95 euros l’année).
Elle regrette qu’il n’y ait pas davantage d’aides pour multiplier les actions. Le sponsoring fonctionne très peu souligne-t-elle : « Sur 20 demandes, une seule peut-être positive ».
A cela s’ajoute la fuite des cadres. Les jeunes formés partent pour des études et souvent ne reviennent pas en Guyane.
Des jeunes talentueux qui ne demandent qu’à s’exprimer
Dans la colonne du positif, heureusement, il règne une excellente entente entre les clubs et surtout malgré les difficultés, le tennis de table prépare une relève volontaire et douée :
« Il y a le championnat jeune dans 2 semaines à Saint-Laurent et surtout une participation au championnat de France des régions à Agen avec un groupe de 5 jeunes âgés de 9 à 12 ans, des benjamins et des minimes. Pour eux, il s'agit d'un saut dans le grand bain. Cela sera difficile mais nous avons pu mesurer leur engagement. C’est un groupe doué et appliqué. Nous voulons leur montrer que l’on peut être fort dans son quartier mais ils doivent, aussi, constater qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire … »
Ces compétitions seront précédées d’un stage en Ile de France au Creps.
Certains jeunes sont particulièrement talentueux et pourraient partir en France s’ils étaient accueillis dans une structure où ils pourraient faire au moins 4h d’entrainement par jour. En club, ils ne s’entrainent que 2 à 4h par semaine et cela n’est pas suffisant.
A Trinidad, par exemple, explique Marie-Sylvie Benoit, les jeunes bénéficient de l’entrainement du club et de celui du national et bien sûr cela leur permet d’évoluer très vite et d’affirmer leur suprématie.
Une ligue qui veut être entendue et soutenue par les collectivités
« La ligue a des projets dont un qu’elle présente aux communes « Ping en extérieur ». Dans le cadre de France 2024 des Jeux Olympiques, le gouvernement finance à 100% des installations de sites sportifs de proximité. Une belle opportunité pour les collectivités qui pourraient ainsi construire des aires de jeux, des espaces multi disciplinaires en extérieur pour inciter à la pratique sportive… Il faut après que les clubs des communes soient prêts à animer l’espace. »
Un tel projet devrait donner de la visibilité à la discipline s’il est suivi. En attendant, le souhait de Marie-Sylvie Benoit qui est licenciée au club de Cayenne, serait d’emmener les plus jeunes se frotter à l’élite de la Caraïbe où dominent les pongistes de Cuba et de Saint-Domingue.
Et de conclure : « Les pongistes ont envie d’être vus et soutenus… »