Un doyen de la Guyane s'en est allé : Eugène Simoneau allait avoir 105 ans

Eugène Simoneau
Il avait près de 105 ans. Eugène Simoneau, s’en est allé dans la discrétion. Ce vénérable vieil homme a traversé les années, grand témoin de l’évolution de la société guyanaise. Ses proches lui rendent hommage.

Luc-Eugène Simoneau s’est éteint dans la discrétion. C’était l’un des derniers piliers d’une époque désormais révolue. Il a quitté ce monde ce dimanche, âgé de presque 105 ans. Presque ?  Car il devait fêter son anniversaire le 22 avril.
Eugène Simoneau a toujours été au cœur du pouvoir. Durant toute sa longue carrière - elle a duré près de 45 ans - il a travaillé dans la haute administration, œuvrant sans relâche en faveur de la Guyane, toujours au fait des décisions relatives au développement de la région.

Eugène Simoneau est un enfant du pays. Il est né le 22 avril 1917 à l'hôpital militaire de Cayenne, dans une famille bourgeoise, originaire de la Martinique. Ses parents se sont installés en Guyane après la mutation du père magistrat. Eugène fait ses classes jusqu'au certificat d'études puis devient soutien de famille après le départ de son parent à nouveau muté, mais cette fois au Sénégal.  

Eugène Simoneau comptable, entre alors dans l’administration, déterminé, il passe des concours, et prend du galon. Il sera attaché principal de préfecture en charge du personnel. Il occupera également le poste de sous-préfet intérimaire du territoire de l'Inini à Saint-Laurent-du-Maroni. Puis, décidé à faire l’ENA (Ecole Nationale d’Administration) par la voie interne, il gagne l’hexagone mais le décès de son épouse en 1958, le fait revenir en Guyane.

Mon père accompagnait les décisions prises par l’Etat en Guyane, il a été très proche de Robert Vignon, le premier préfet de Guyane, il est l’un des derniers guyanais hauts fonctionnaires

Jean-Claude Simoneau fils d'Eugène

 Un homme actif 

Eugène Simoneau à gauche

Eugène Simoneau a beaucoup œuvré également dans des associations prônant des valeurs de solidarité, et de fraternité. Scout, syndicaliste avec l’Union des travailleurs guyanais etc …Il a côtoyé les grandes figures de ce siècle, racontant inlassablement des anecdotes à ses six enfants, quatorze petits-enfants et une dizaine d’arrières petits-enfants. Parmi eux, Cédric Simoneau, très proche de son grand-père.

C’est quelqu’un de très rigoureux très strict. Je compare sa vie souvent à un film. Il est né en 1917, sa mère est arrivée en 1901, son père en 1902 après l’éruption de la Montagne Pelée à Saint-Pierre. Déjà ces faits sont ancrés dans l’histoire. Et puis, je venais le voir et je l’écoutais parler. J’étais nourri par ce qu’il me disait étant réalisateur. Ce qui me marquait c’est qu’il était contemporain des grandes figures guyanaises. Il connaissait Jean Galmot, son camarade de classe c’était Jacques Lony, Samuel Chambaud était son chef aux Eclaireurs, il a rencontré Justin Catayée quand il travaillait à la préfecture. Je l’écoutais, c’était la vraie histoire, mieux que dans les livres.

Cédric Simoneau

Rencontre entre générations

A la fin de sa vie, il était devenu une célébrité sur les réseaux sociaux. Avec un rituel instauré par Cédric Simoneau, le ti punch du dimanche, rebaptisé "Punch Sunday". Eugène, n'avait rien perdu de sa verve et de son humour. 

Depuis 3, 4 ans, j’avais instauré un rituel, tous les dimanches on se voyait et nous buvions ensemble notre petit punch, je mettais les photos sur les réseaux sociaux. Et c’était apprécié, car cette relation grand père, petit fils résonnait, ça a marqué les gens. Mon papy est devenu une mascotte, à tel point que lorsque je ne mettais pas de photo, on me demandait de ces nouvelles.

Cédric Simoneau

 Luc-Eugène Simoneau a donc quitté ce monde après une vie bien remplie. C'est une mémoire vivante qui a disparu. Son inhumation est prévue mardi 26 avril.