Une étude révèle la banalisation des violences faites aux femmes dans l’Est de la Guyane

Violences conjugales dans un foyer - (image d'illustration)
Ce 8 avril 2022, dans La Lettre Pro, l'ARS de Guyane a révélé une partie des résultats d'une étude sur les violences faites aux femmes dans l'Est de la Guyane. Menée par Oyapock Coopération Santé, elle évoque la banalisation de ces actes, les facteurs de risque ainsi que le besoin de structure d'aide.

Triste constat. Ce vendredi 8 avril 2022, dans la Lettre Pro, l’Agence Régionale de Santé de Guyane a dévoilé les premiers résultats d’une étude menée par l’équipe du projet Oyapock Coopération Santé. Il est question des violences faites aux femmes dans l’Est du département, notamment à Saint-Georges de l’Oyapock et à Camopi. Les professionnels de l’Est seraient régulièrement confrontés à ce type de violences. Selon eux, le sujet est tabou pour les victimes.

Les professionnels de la santé témoins des violences

Depuis 2020, à travers des entretiens avec des professionnels de la santé, du social et du droit, les membres du dispositif Oyapock Coopération Santé ont mené une étude sur les violences faites aux femmes. Les personnes interrogées exercent à Saint-Georges de l’Oyapock, à Camopi ou encore à Oiapoque. Elles reçoivent souvent des personnes ayant subi des violences conjugales. 

Les victimes étant habituellement silencieuses quant à ce qu’elles vivent, les professionnels de la santé se basent sur leurs consultations pour établir ce constat. Ils s’appuient également sur les récits des proches. A Saint-Georges, les femmes parlent entre elles, lit-on. A Camopi, les auteurs des violences sont parfois alcoolisés, donc les actes se produisent devant des témoins.  

D’ailleurs, près de 80 % des cas de violences se déroulent alors que le conjoint est sous l’emprise de l’alcool, selon Pauline Joliot, sage-femme coordinatrice du projet OCS. La consommation de telles boissons favoriserait le passage à l’acte. La précarité, l’oisiveté et le chômage seraient aussi des facteurs à prendre en compte.

Des violences banalisées

Les victimes de violences conjugales ne se rendent pas toujours compte de leur situation, car le même schéma se produit dans leur entourage. Quand elles changent d’environnement, elles réalisent ce dont elles sont victimes et du caractère anormal de la situation. En parallèle, les auteurs de l’étude constatent le même phénomène autour du viol conjugal. Les victimes se sentent obligées d’avoir des rapports sexuels avoir leur conjoint.

Suite aux résultats délivrés par l'OCS, des dispositifs d'aide ont pu se mettre en place à Saint-Georges. C'est notamment le cas d'un réseau pluridisciplinaire nommé Ariana. Il réunira tous les acteurs concernés : le CDPS, l’Association guyanaise d’aide aux victimes (Agav), OCS, l’Arbre fromager. Une psychologue propose également des consultations à l'association IDsanté. L'OCS tente d'installer un réseau similaire à Camopi, où les structures d'aide manquent encore.

Peu de chiffres sur les violences conjugales

Malgré ces constats, aucun chiffre sur le phénomène n’a été recensé à ce jour, fait remarquer Pauline Joliot. "En Guyane, on manque d’un observatoire sur les violences. Il en existe un en Martinique. Dans chaque région, il doit y en avoir un pour réaliser des études, faire remonter le nombre de féminicides, recenser les violences, proposer des actions", poursuit-elle dans la Lettre Pro de l’ARS.

Notez qu'en 2021, le Ministère de l'Intérieur indiquait que la Seine-Saint-Denis et la Guyane sont les deux départements de France les plus touchés par les violences conjugales enregistrées (respectivement 9,2 et 10,4 femmes victimes âgées de 20 ans ou plus pour 1 000 habitantes de mêmes sexe et âge). 

Source : Agence Régionale de Santé de Guyane