En dépit des avertissements et des conseils, le gouvernement n'a pas modifié son projet de loi de réforme du régime des retraites dans un sens favorable aux territoires et aux habitants des outre-mer. Pourtant, plusieurs modifications ont été portées, notamment en faveur des femmes ayant eu un parcours professionnel intermittent ou de ceux qui ont commencé à travailler avant l’âge de 20 ans.
Or, le gouvernement est parfaitement informé de l’existence des inégalités anciennes et actuelles entre retraités de nos pays et ceux du reste de la France. Il n’a introduit aucun correctif à son texte initial pour y remédier dans un souci d’équité.
Pire, son porte-parole, Olivier Véran, a répondu au député de Polynésie Moetaï Brotherson que la réforme sera appliquée dans nos territoires à l’identique du reste de la France. Il ajoute que cela a été le cas pour les réformes précédentes.
Une situation qui va s’aggraver
Dommage ! Car si le projet est adopté, la situation ne va pas s’améliorer pour nos retraités. Aujourd’hui, le montant moyen des pensions de retraite est plus faible dans nos territoires que la moyenne française, de 12 à 28% selon le cas.
En outre, l’âge moyen réel de départ à la retraite est de 65 ans dans nos territoires contre 63 ans en France. Logique, puisque de nombreux salariés ont des carrières hachurées par des périodes de chômage. Ce qui s’explique par la situation économique de nos territoires, nettement plus fragile qu’en France.
De nombreux salariés ne disposent pas d’une carrière complète avec un nombre suffisant de trimestres pour partir à 62 ans ou à 64 ans demain. Ils sont souvent obligés de travailler plus longtemps pour bénéficier d’une pension plus avantageuse, ou d’attendre 67 ans pour obtenir le taux plein.
Des inégalités sociales persistantes
Et cela, alors que plusieurs milliers de retraités actuels perçoivent une pension faible en raison du fait qu’ils ont perçu de bas salaires. N’oublions pas que le salaire minimum, le SMIC, a été aligné dans l’outre-mer il y a moins de trente ans. Et que les ouvriers agricoles ont longtemps perçu le SMAG, inférieur au minimum légal. Ils sont encore nombreux parmi les retraités d’aujourd’hui.
Un autre facteur est totalement négligé dans ce projet de loi, les conditions de vie. La durée moyenne de vie est plus courte dans nos pays en raison de facteurs de risques inconnus ou jugulés ailleurs -hypertension artérielle, diabète, risques naturels cumulés, précarité, pauvreté, notamment.
Au total, l'égalité des citoyens français n'est pas garantie par ce projet de réforme du régime des retraites, en violation d'un principe constitutionnel. Le gouvernement semble ignorer que la discrimination naît à partir du moment où on traite de manière égale des situations différentes. Autant d’éléments qui vont conforter dans leur opinion ceux qui pensent que nos territoires et leurs habitants ne constituent pas une priorité pour le gouvernement.