Après l'effroi, la désolation. Au lendemain de l'incendie qui a ravagé 80% du squat de Baduel, les sinistrés viennent constater les dégâts dimanche 28 juillet au matin.
Charles Davilon, un homme d'un certain âge, vivait ici. Il est seul en Guyane, puisque sa femme et ses enfants vivent en France et aux Etats-Unis. Le jour de l'incendie, il est arrivé trop tard. Il ne lui reste plus rien.
Je n'ai rien pu récupérer. Tout ce que j'avais est perdu. (Ce teeshirt), c'est un ami qui me l'a passé. Ce soir, comme hier, je serai à la rue. Si un ami m'invite à dormir chez lui, j'irai... Mais j'ai pas d'endroit où dormir.
Comme lui, de nombreux sinistrés sont de retour sur les lieux de l’incendie dimanche matin avec l’espoir de retrouver ce qui n’a pas pu être sauvé.
"Mwen maché, m'pran tout pyès timoun mwen et puis 2-3 lenj. Apré sa, tout rèst bagaj mwen brilé. M'pa gen tan sové anyen", regrette un sinistré qui a vu le départ du feu. Les flammes se sont, en effet, propagées très vite en raison des vents forts.
Tout moun nan problèm [...] Nou pa gen pyès koté pou nou alé. Sa vrèman touché kè'm. Nou tout, nou an lari-a... Tout moun toutouni nèt.
Wilgens Saint-Phard, sinistré
Une partie du squat a été épargnée, mais les derniers habitants dénoncent l’inaction des autorités. Certains ont déjà connu pareille situation. "Il y a l'état, la CTG, la Préfecture, il y a les organisations... Mais ils ne vont rien faire pour nous", affirme un habitant du quartier. Il ajoute : Quand ils auront détruit les squats, ils vont mettre les gens dans des endroits et après une ou deux semaines, ils seront à la rue", dit-il. Et de conclure : "on vit toujours... mais avec des cicatrices".
Plus de 48 heures après, les autorités confirment que l’incendie n’a fait aucune victime. Néanmoins, plusieurs centaines de familles se retrouvent désormais à la rue, sans aucunes affaires...et avec le sentiment d’être laissées-pour-compte.