VIDÉO. Orpaillage, désenclavement, évolution statutaire... Entretien avec Emmanuel Macron en Guyane

Trois journalistes de Guyane se sont entretenus avec le président de la République à l'occasion de son déplacement en Guyane le 26 mars 2024. Orpaillage, désenclavement, insécurité, évolution statutaire... Ils évoquent toutes ces thématiques avec le chef de l'État. Un entretien à regarder ici.

La crise migratoire est le premier thème abordé, actualité oblige. Ce 26 février, trois personnes sont mortes dans un incendie survenu dans un squat. Un drame qui illustre les réalités du territoire : précarité, pression migratoire, crise du logement. Conséquence, les squats se multiplient.

La Guyane fait partie des quelques territoires français qui sont, aujourd'hui, sous très forte pression migratoire. Nous devons renforcer la réaction par une coopération accrue. Celle qu'on mène depuis plusieurs années avec le Brésil, on a d'ailleurs demandé de renforcer les choses parce qu'il y avait des filières qui s'étaient installées venant, par exemple, de Syrie ou d'Afghanistan. On a obtenu un resserement de ces filières.

Emmanuel Macron

Le président a aussi évoqué la crise régionale à Haïti, que la France souhaite "régler" dit-il. En attendant, pour ralentir le développement des squats, notamment sur les terrains et biens abandonnés en situation d'indivision, "on va permettre à la commune de récupérer ces espaces", annonce-t-il. Il faudra alors "adapter les règles", tout en intensifiant la création de logements.

Désenclavement : "Je veux qu'on finalise cette route"

En Guyane, 1 commune sur 3 est toujours inaccessible par la route. Lors de sa campagne présidentielle de 2022, le candidat Emmanuel Macron avait inclus la route du fleuve, qui devrait relier Saint-Laurent du Maroni à Papaïchton.

J'ai dit que l'engagement que j'avais pris (sur Papaïtchon à Maripasoula), sur lesquels 9 millions sont déjà engagés, serait complété. Sur la fin de mon mandat, je veux qu'on finalise cette route avec des crédits qui sont budgétés et que nous allons compléter. Ce seront au total 30 millions d'euros qui vont être mis sur ce tronçon.

Emmanuel Macron

"Ensuite il y a un tronçon au milieu, qui aujourd'hui n'a jamais l'objet de projet [...] moi je pense qu'il faut le tenter", continue le chef de l'État. Il y a 150 km à tracer, le Gouvernement a demandé l'intervention du génie militaire dans les deux prochains mois pour une étude sur l'élaboration d'une "piste améliorée" entre Papaïchton et Apatou.

De "nouvelles stratégies" pour lutter contre l'insécurité

"Les engagements de 2017 ont tous été tenus", selon le président de la République. En termes d'insécurité, il rappelle l'arrivée de 300 forces de l'ordre, l'ouverture d'une antenne de l'OFAST ou encore celle du RAID. Des moyens souvent jugés insuffisants. En 2023, 59 homicides et 250 tentatives de meurtre ont été commis en Guyane.

Pour répondre aux problématiques d'insécurité, le président a demandé :

  • une nouvelle stratégie HARPIE (opération de lutte contre l'orpaillage), il s'agirait de la troisième génération ;
  • une nouvelle stratégie de lutte contre la criminalité qui doit s'adapter aux nouvelles filières criminelles transfrontalières (liées à la drogue et à l'orpaillage).

"Une évolution institutionnelle doit être au service d'un projet"

Sur la question de l'évolution statutaire, Emmanuel Macron donne le ton : "on va avancer à marche forcée". En rappel, plusieurs congrès des élus se sont tenus en 2022 et 2023 afin de monter un projet d'orientation sur l'évolution statutaire de la Guyane. De nombreux points ont été validés durant à l'issue de ces rencontres, mais le projet finale n'a pas été approuvé à ce jour.

Néanmoins, d'après le chef de l'État, une évolution institutionnelle doit être au service d'un projet. De plus, il estime que la modification de la Constitution doit intervenir en second lieu.

La Guyane est déjà dans un cadre constitutionnel : l'article 73 qui donne la possibilité, quand les élus le demandent, d'adapter la règle nationale. Cela fait 20 ans que ce cadre existe. Combien de fois les élus l'on demandé ? 0 fois. Dans les deux mois, faisons la liste de tout ce qu'on peut adapter sans changer la Constitution pour avoir des règles [...] Ensuite, on se donne quatre mois, on regarde ensemble sur quoi les règles existantes dans la Constitution ne permettent pas de répondre au projet qu'on porte. Et à ce moment là, s'il y a un projet qui suppose une réforme de la constitution, moi j'y suis tout à fait prêt [...] Si c'est porté par les Guyanais, si on considère que ça répond à ce dont on a besoin, je serai à vos côtés pour le présenter au Congrès.

Emmanuel Macron

Finalement, de nombreux changements sont attendus en Guyane dans les mois à venir.