Iguacanne veut accélérer le plan de relance de la production cannière

Epandage d'écumes de sucrerie pour augmenter la fertilité des sols canniers.
Plus de la moitié des 5,2 M€ de reliquat sur l’aide à la garantie de prix 2020, versée par l’Etat, devrait être utilisée pour une aide à la trésorerie des planteurs. Le solde servira à financer certaines mesures du plan de relance de la production cannière, selon les propositions d’Iguacanne.
 
5,2 millions d’euros, c’est la somme restant aujourd’hui disponible, sur l’enveloppe annuelle de 20,1 millions versée par l’Etat à la filière canne de Guadeloupe, au titre de l’ « aide à la garantie de prix », destinée aux planteurs livrant aux sucreries. Un reliquat important, qui s’explique par le faible tonnage de cannes produit pour la campagne 2020. Iguacanne, l’Interprofession représentant les producteurs et les usiniers, a fait des choix pour la répartition de ce solde.
 

Compenser la perte de revenus des planteurs

La production cannière est en baisse constante depuis trois ans en Guadeloupe : moins de 485 000 tonnes livrées aux sucreries cette année (- 3% par rapport à 2019). Les rendements à l’hectare diminuent, ce qui entraîne une perte de revenus pour les planteurs. Rapportée à la recette moyenne sur les cinq dernières années, tous bassins confondus, cette perte de revenus pour 2020 a été évaluée à 471 € par hectare, soit 8,70 € par tonne.
Iguacanne propose de l’indemniser à hauteur de 65%, soit 5,65 € par tonne, afin d’aider les exploitants à reconstituer leur trésorerie. L’aide, qui sera versée aux producteurs par le biais de leur SICA, va mobiliser 2,7 millions d’euros sur le reliquat de l’enveloppe AGP.
 

Encourager l’effort de fertilisation

Les quelque 2,5 M€ restants serviront à appuyer financièrement le plan de relance de la production cannière, décidé par l’Interprofession, et présenté en juin dernier à l’Etat et la Région. Premier levier pour faire remonter les rendements : respecter les apports d’engrais préconisés par l’itinéraire technique.
Une aide incitative de 300€ par hectare est ainsi envisagée pour les planteurs qui apportent au moins 800 kilos de fumure à l’hectare. Le montant sera réduit à 150€ pour tout apport inférieur à 800 kg. Il sera en revanche majoré à 350 €/kg  si le producteur opte pour des engrais bio. Montant total du dispositif : 2,2 M€.
 

Contestations…

Autre mesure : une aide aux travaux de « déprise » : c’est la remise en culture de parcelles laissées en friche depuis plus de trois ans. Le coût des travaux, qui s’élève à 3 500 € par hectare, sera financé à 75%, soit 2 625 €/ha.
Ces propositions de l’Iguacanne doivent encore être validées par arrêté préfectoral. Certains agriculteurs les contestent, estimant que l’enveloppe AGP n’est pas destinée à financer le plan de relance. Or, selon la convention canne-sucre engageant l’Etat jusqu’en 2022, cette aide de soutien aux revenus des planteurs suppose bien en contrepartie un effort de la filière pour augmenter les rendements.
Plus de 1 000 hectares de parcelles de canne ont été fertilisés pendant l'intercampagne avec des écumes de sucrerie et des cendres de bagasse.


Epandage de matières organiques

Le plan de relance de la production cannière, qui doit s’étaler sur plusieurs années, contient d’autres actions, à court, moyen et long terme. Pour rétablir la fertilité des sols canniers, un important programme d’épandage de matière organique a démarré cette année, après la campagne sucrière. Les écumes de sucreries et cendres de bagasse de Gardel ont ainsi été dispersées sur 1 100 hectares (à raison de 30 à 50 tonnes par hectare), essentiellement sur les sols acides du nord Basse-Terre, le bassin où les rendements ont le plus chuté. Une opération prise en charge cette année par l’usine du Moule. D’autres financements sont espérés pour 2021.
Autre mesure entamée : la conversion de parcelles en bio (150 hectares cette année, sur les 1 500 visés d’ici 2026) ; Gardel ayant prévu de commencer en 2023 la production de ses premiers sucres biologiques.
 

Booster les replantations

Le plan comporte aussi un gros volet axé sur les replantations des parcelles en fin de cycle. Objectif : renouveler chaque année au moins 2 500 hectares, soit un cinquième de la sole cannière, afin d’augmenter les rendements à l’hectare de 10 à 15% dans chaque bassin.
Les planteurs aujourd’hui sont découragés par les trop longs délais d’attente avant le versement des aides européennes à la replantation. Il s’agit donc de mobiliser un acompte, qui représenterait jusqu’à 2,7 millions d’euros en coût annuel. La Région est sollicitée ; elle pourrait inclure cette mesure à son propre plan de relance économique post-COVID.