"La cocaïne, laisse pas li trap à ou." Tel est le slogan de la première campagne de communication d'ampleur lancée ce mardi 3 décembre par les autorités sanitaires à La Réunion, où la consommation de cocaïne est en train de prendre une ampleur inédite.
"Ça a commencé par une trace"
Alors que les saisies augmentent chaque année (30 kg en 2023, + 87 % en deux ans), comme le nombre de patients pris en charge dans les files de soin en addictologie, John, 36 ans, a confié au micro de Réunion La 1ère comme comment la poudre blanche a chamboulé sa vie.
Cuisinier de profession parti travailler en métropole, le Réunionnais a 29 ans lorsqu'il découvre ce produit hautement addictif. "Ce soir-là, ça a commencé par une trace, et c'est parti comme ça..." D'une consommation occasionnelle et festive, la cocaïne devient pour lui, au fil des mois, une compagne quotidienne.
Écoutez son témoignage sur Réunion La 1ère :
"J'ai déjà fait six nuits blanches d'affilée"
"J'ai déjà fait six nuits blanches d'affilée en consommant 20 g et plus. Le lendemain on est speed, speed dans le travail..." décrit-il, conscient de la place énorme que la drogue a prise dans sa vie. "Je consomme beaucoup, c'est comme ça... Après, c'est l'addiction, on ne peut plus rien faire..."
Amplifiée par son alcoolisme, cette nouvelle consommation va l'entraîner dans un gouffre financier. "On est obligé de faire des crédits à droite à gauche", raconte John. "On va demander 50 euros à l'autre, un peu là-bas... En métropole, je suis monté jusqu'à 1 200 euros d'endettement en un mois. Tous les soirs, c'était à fond, pleine balle...", reconnaît-il.
"On en trouve facilement ici aussi. (...) Voir tant de personnes consommer la cocaïne ici, c'est incroyable..."
John, patient en addictologie au CHU de Bellepierre
"Tout le monde consomme, hommes et femmes"
Au fond du trou financièrement, inquiet pour sa santé, John décide il y a trois mois, de revenir à La Réunion pour tenter de décrocher. Mais après sept ans passés dans l'Hexagone, c'est le choc. "En fait, on en trouve facilement ici aussi. Dans tous les quartiers il y en a, et tous les gens que j'ai vus... Pratiquement tout le monde en consomme, que ce soit les hommes ou les femmes. Voir tant de personnes consommer la cocaïne ici, c'est incroyable", assure le cuisinier.
Aujourd'hui, John est déterminé à en finir avec ce cercle vicieux. À quelques semaines des fêtes de fin d'année, il a entamé une cure de désintoxication au CHU de Bellepierre. "J'espère m'en sortir vraiment, j'ai eu pas mal de galères... Arriver les deux dernières semaines du mois à zéro, c'est compliqué. On n'a plus rien" prévient-il.
"Si j'arrive à passer les fêtes sans rien, je serai fier"
"Si je suis là c'est parce que j'y crois, c'est un challenge que je me lance et j'espère pouvoir réussir à le tenir. Si j'arrive à passer les fêtes sans rien, franchement je serai fier" espère le trentenaire. Qui souhaite démarrer une nouvelle vie, loin de la poudre blanche.
"Je me suis rendu compte que je consommais beaucoup. Ça m'est déjà arrivé dans une soirée de consommer 5 g à moi tout seul. Même dans le travail, il manque un petit truc pour booster le corps... C'est l'esprit qui appelle ça. J'ai envie d'arrêter, de changer. À un moment donné, il faut sortir de ce chemin-là", conclut-il.
En 2024, 200 personnes ont été prises en charge dans les services d'addictologie de l'île. Dont 5 % pour la cocaïne.