Depuis vendredi dernier, les amoureux des végétaux ont envahi le parc Jean de Cambiaire au Tampon, paré de ses plus belles plantes et fleurs à l'occasion de Florilèges. Si les plantes endémiques ont toujours une place de choix dans le coeur des Réunionnais, celles de l'extérieur ne sont pas en reste. D'ailleurs, c'est même la majorité de celles vendues sur l'île qui est importée.
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Des plantes de collection originaires des quatre coins de la planète
Sur le stand de Vertiplante, une pépinière du Sud, Germain Payet nous présente avec fierté ses monstera Thaï Constellation, monstera Dubia, monstera obliqua et philodendrons en tous genres. Soit des plantes originaires d'un peu partout dans le monde, mais qui sont malgré tout présentées sous le label Plant Péi, créé en 2018. L'anthurium Veitchii qu'il nous présente fait partie de ces espèces botaniques originaires d'Amérique latine et de certains pays asiatiques.
"On les fait venir bébés et on les fait grandir à La Réunion, explique le gérant de Vertiplante. Ce sont des espèces magnifiques qui viennent du monde entier, que nous faisons venir au stade très petit. Soit ce sont des plantules, soit ce sont des plants dans des bouteilles in vitro, que l'on met en culture en laboratoire".
Les "Plant'Péi", acclimatées à La Réunion
Ces plantes qui ont grandi à La Réunion ont pour avantage d'être acclimatées à notre territoire d'une part, mais elles doivent aussi respecter un cahier des charges précis sur les volets environnementaux et sociaux.
Certes, La Réunion regorge d'espèces végétales endémiques. Mais si Germain Payet cible ces plantes ornementales venues d'ailleurs, c'est qu'il y a une réelle demande pour ces pépites vertes. D'où la nécessité pour lui d'importer des jeunes plants, "pour avoir un panel de plantes pour la clientèle qui est intéressée par ces nouvelles variétés". L'horticulteur a remarqué un véritable" engouement, notamment des jeunes de 18 à 30 ans pour ce genre de plantes de collection".
Recours au bouturage
Pour d'autres, l'import n'est même plus nécessaire. C'est le cas avec ce Monstera Thaï Constellation, "très apprécié de la clientèle" grâce à son feuillage panaché de blanc. La "petite" plante qu'il nous présente est elle-même issu du bouturage - une technique de multiplication de végétaux - d'un pied-mère présent dans l'entreprise depuis huit ans.
"Nous faisons des petites sections pour la bouturer et offrir cette plante à un prix correct à la clientèle", explique Germain Payet. Soulignant qu'il n'y a parfois pas besoin d'aller loin pour trouver des Monstera verts, aujourd'hui présent "un peu partout dans nos ravines".
En 2022, 18 horticulteurs avaient adhéré au label Plant'Péi, garantissant au moins que leurs plantes ont grandi localement. Malgré tout, d'autres plantes sont importées d'ailleurs, à un stade déjà mature.
Importées de France hexagonale et de Belgique
Thomas Hanache, lui, estime à 90% la proportion de ses plantes importées d'Europe, principalement de France hexagonale et de Belgique. "Na certaines choses i trouve en local mais pas toutes les variétés", justifie le gérant des serres Hanache.
Il se saisit d'un pot d'anthemis et nous explique : "Les anthemis arrivent en micro-mottes de plantules de 5 à 10cm, replantées et cultivées sur place sous serres. Sinon on n'aurait pas autant de variétés présentes sur l'île".
Importer pour diversifier l'offre
Le fuschia de Magellan, observé d'habitude en rose vif dans la nature réunionnaise, s'affiche en blanc sur le stand des serres Hanache, mais celui-ci ne vient pas de La Réunion. "Le fuschia est présent en sauvage à la Plaine-des-Palmistes, mais pas dans ces couleurs-là", informe Thomas Hanache. Les importer lui permet donc d'offrir un plus large choix à sa clientèle.
Des importations contrôlées
Malgré tout, pas question d'importer tout et n'importe quoi, nuance l'horticulteur, qui dit choisir avec soin ses pays d'importation. "Nou prend des trucs adaptés sinon i sert à rien. Les gens i remarque que i pousse pas ici alors zot i reprend pu !", rigole-t-il.
L'aspect sanitaire n'est pas non plus à négliger. Chaque plante passe des tests avant importation, et une fois arrivée à La Réunion, pour éviter d'apporter avec elle des maladies ou des insectes indésirables, garantit le gérant des serres Hanache.
Pour la clientèle, "peu importe"
Plantes péi, importées, d'ici ou d'ailleurs, Minette, une cliente venue de Saint-Paul, n'en a que faire. Les bras chargés d'anthuriums et de poinsettias, elle est ravie de ses trouvailles. "Mi achète, ou sa i sorte mi koné pa moin ! Peu importe ! J'achète, j'amène sous ma véranda et voilà", rigole-t-elle.
Marie elle, se doute bien que ses jolis géraniums ne viennent pas d'ici, mais n'a aucune idée d'où ils sont issus, et ça ne la dérange pas : "Mi trouve lé joli, mi achète ! Du moment que ou koné soigner...", réagit-elle.