Internet : l’arrivée possible de Starlink est redoutée par les syndicats de l’OPT

L'intersyndicale formée à l'OPT a exprimé ses craintes lors d'une conférence de presse, jeudi 2 mai 2024.
Les représentants syndicaux de l’OPT se disent inquiets des conséquences qu’aurait l’arrivée en Nouvelle-Calédonie des opérateurs satellitaires tels que Starlink. Ils réagissent à l’avant-projet de loi de pays “pour une meilleure connectivité”, porté par Christopher Gygès. Le membre du gouvernement en charge de l’économie numérique souhaite ouvrir le marché de l’accès à Internet, en l’encadrant par une loi.

L’OPT en Nouvelle-Calédonie, c’est un établissement public qui offre des services aux populations à travers tout le pays. L’Office emploie environ 1200 personnes et parmi les représentants du personnel, des syndicats se sont regroupés en intersyndicale. Ils disent vouloir alerter les Calédoniens du risque que représente, pour leur établissement, la venue d’opérateurs satellitaires tels que Starlink. “Starlink a une stratégie monopolistique qui consiste à tirer les coûts vers le bas, quitte à rester déficitaire pendant des années et à tuer toute la concurrence autour de lui”, craint Virginie Barreau, représentante syndicale pour la CFE-CGC. “Une fois qu’il est tout seul, il va remonter les tarifs.” 

“Regardez le modèle Enercal !”

“On est très préoccupés par ce type de réforme et de projet de loi, insiste-t-elle. Sur une technologie aussi stratégique, qui demande des investissements énormes, on ne peut emmener plusieurs opérateurs sur un tout petit territoire. Si on ouvre à la concurrence, on aura des opérateurs privés, peut-être un opérateur privé et un opérateur public. Le modèle d’Enercal. Et regardez ce qui se passe : l’opérateur public est à genoux, l’opérateur privé fait des bénéfices”

Question de cybersécurité

Les membres de l’intersyndicale ne sont pas contre l’arrivée d’un opérateur satellitaire, disent-ils. Mais veulent que ce soit encadré par l’opérateur historique, notamment pour des raisons de cybersécurité. “La seule variable d’action est d’autoriser Starlink à opérer ou pas”, pose Kendjy Togna, représentant syndical USTKE. “Il y a des conditions à donner, qui font que le marché doit être partagé entre Starlink et l’OPT, qui font que la cybersécurité en Nouvelle-Calédonie est protégée. C’est tout ça qu’il faut travailler en profondeur. Et pas réagir à l’arrivée d’un opérateur pour répondre à des promesses électorales.”

"On souhaite protéger l’OPT, mais"...

Christopher Gygès voit bien sûr les choses autrement. Selon le membre du gouvernement en charge de l’économie numérique, le projet de loi “pour une meilleure connectivité en Nouvelle-Calédonie” est un outil indispensable afin de mieux contrôler la venue de ces opérateurs satellitaires. “Les Calédoniens ont le droit d’avoir du choix sur internet - on ne parle pas encore de téléphonie mais il faudra en discuter à un moment, répète-t-il. Ce que je dis aux syndicats, c’est qu’on souhaite protéger, préserver, l’OPT qui est un office important pour l’aménagement du territoire. Mais on ne peut pas maintenir des rentes de situation ad vitam aeternam.” 

Assises des télécoms

Une ouverture à la concurrence faite “intelligemment”, défend-il : “les opérateurs satellitaires, s’ils viennent en Nouvelle-Calédonie, paieront une redevance et cette redevance ira à l’Office pour préserver ses missions d’intérêt général." Le texte a déjà obtenu le feu vert du Conseil d’Etat et du Cese. Pour discuter de toutes ces questions avec les acteurs du secteur, des assises des télécoms sont prévues en juin.

Le reportage de Brigitte Whaap, Claude Lindor et Christian Favennec

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