Issue d’une famille modeste de six enfants de la banlieue parisienne, Sarah Ourahmoune découvre la boxe à 14 ans "un peu par hasard" en passant devant une salle de boxe d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Elle y fait une rencontre déterminante.
"L’entraîneur de la salle, Saïd Bennajem, parlait de la boxe comme un noble art, l’escrime des poings. Il a réussi à me convaincre de faire une séance d'essai", explique-t-elle dans notre journal TV mercredi 1er novembre. Sarah Ourahmoune ne le sait pas encore mais sa carrière de haut niveau durera plus de 20 ans.
La sportive commence la boxe en 1996. A l'époque, les compétitions sont interdites pour les femmes en France. Il faudra attendre 1999 avant de voir les femmes monter sur le ring.
On se demandait pourquoi une jeune fille voulait boxer. La boxe restait l'un des derniers bastions du sexisme dans le sport, c'était là où les hommes se forgeaient leur force et leur dignité.
Sarah Ourahmoune, vice-championne de boxe à Rio
In fine, Sarah Ourahmoune parvient à se faire une place en venant tous les jours aux entraînements. Et sa ténacité paie. Dès 1999, elle otbient un premier titre de championne de France (elle en décrochera dix) et enchaîne ensuite les podiums : médaillée de bronze aux championnats d'Europe à Vejle au Danemark en 2007 (poids mi-mouches), championne du monde en 2008 à Ningbo en Chine (poids mouches) et médaillée d'argent aux championnats d'Europe à Rotterdam en 2011 (poids mouches).
Il y aura ensuite les Jeux Olympiques de Londres en 2012 où pour la 1ère fois, les femmes peuvent concourir. Mais le sexisme demeure. Les boxeuses sont obligées de se battre pour éviter une obligation du port de la jupe. Une proposition soutenue par l'Association internationale de boxe amateurs (AIBA) afin de les distinguer de leurs homologues masculins.Sarah Ourahmoune ne parvient pas à se qualifier pour ces Jeux.
Médaille d'argent aux Jeux de Rio
Persuadée que sa carrière est terminée, elle donne naissance à une petite fille. Deux ans après s'être arrêtée, elle décide finalement de reprendre les gants en vue des Jeux de Rio.
Mais ni les sponsors ni la Fédération française de boxe ne croient en elle alors la boxeuse lance un financement participatif pour payer sa préparation, ce qui lui rapporte 4 500 euros. Elle finira par remporter la médaille d'argent.
Une reconversion réussie
Après cette consécration, la boxeuse met fin à sa longue carrière. Très vite, elle est sollicitée pour donner des conférences et animer des stages, ce qu'elle continue encore de faire. Aujourd'hui, Sarah Ourahmoune multiplie les casquettes.
Vice-présidente du Comité national olympique et sportif français, vice-présidente de la Fédération française de boxe et membre du conseil d’administration de Paris 2024. La sportive préside également l'association "Les puncheuses" qui s’adresse à des femmes en situation de fragilité, qu’elles soient au chômage ou victimes de violences conjugales. Elles sont accompagnées à travers divers ateliers (leadership, confiance…) et des séances de boxe.
Un parcours donc impressionnant. Cette semaine, l'ancienne championne de boxe nous fait l'honneur de sa présence dans l'archipel. Elle animera des entraînements à l'école de boxe et une conférence ce jeudi à 18h aux Terrasses du Port. Elle parlera de motivation, de dépassement de soi et d'égalité des genres. Il reste encore quelques places. Vous pouvez vous inscrire en appelant le 411700. L'événément est gratuit.