Était-ce le bon choix ?
L'image a fait le tour de la planète. Mars 2017, en pleine crise sociale, le collectif des Toucans bloque le rond-point Carapa, à l'entrée du Centre Spatial Guyanais (CSG). Il réclame l’annulation de la vente du Centre Médico-Chirurgical de Kourou (CMCK). L’établissement accuse à l’époque un déficit de 8 millions d’euros.
Le mois suivant, le 22 avril, un protocole est signé, il acte le passage du CMCK dans le domaine public.
Si le personnel a été conservé, 30 mois plus tard, les représentants syndicaux décrivent une situation inquiétante.
"Je vais plutôt dire, qu'elle est en décadence, c'est à dire qu'au jour d'aujourd'hui l'hôpital stagne. Il y a très peu de projets, on a des structures qui n'évoluent pas. Là on réclame une UHT (Unité Hospitalisation Temporaire), une réanimation...et bien ce sont des structures qui sont essentielles pour le bassin des savanes".
Selon nos sources, le projet médico-soignant de l’établissement n’est toujours pas une réalité, malgré les 100.000 euros dépensés pour cette étude censée définir une partie de sa politique...
Quant aux médecins, beaucoup ont quitté le navire, jugeant le changement de statut défavorable. La situation financière de l’hôpital ne s’est pas améliorée. Entre temps, il a perdu l’hospitalisation en cardiologie et des spécialistes en ophtalmologie et ORL. Malgré l’arrivée d’un gastro-entérologue et d’un professeur en urologie, il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer.
"Tous les hôpitaux de Guyane sont fragiles parce qu'ils s'appuient sur des recrutements de médecins qui parfois se fragilisent...Parce qu'il suffit qu'un ou deux médecins s'en aillent pour qu'une discipline entière disparaisse. C'est pourquoi il nous faut travailler sur l'ensemble de la Guyane, continuer à travailler nos efforts en matière d'attractivité et de fidélisation".
Quid de la réanimation ?
Lors du mouvement social de 2017, le syndicat UTG souhaitait que l’hôpital de Kourou soit autonome. Le projet de mutualisation et de direction commune élaboré par les autorités pourrait, d’ici la fin du mois, entériner sa perte d’autonomie. Une idée que Davy Rimane et l’UTG (Union des Travailleurs Guyanais) repoussent vigoureusement.
"Je rappelle que nous avons quand même un centre spatial à Kourou, il y a un certain nombre de prérogatives que nous devons avoir à Kourou... Aujourd'hui on n'y est pas ! Nous, nous nous battrons, il n'est pas question que le CHK devienne une espèce d'appendice du CHAR !"
A l’ARS on assure que l’avenir du centre Hospitalier n’est pas menacé. Mais il va devoir apprendre à mutualiser les moyens.
La crise du COVID a montré que la région des savanes, avec ses 30.000 habitants, avait du mal à se faire à l’idée que cet établissement, qui dans le passé a été un fleuron hospitalier dans la région pendant des années, perde en réactivité-efficacité faute de pouvoir de décision.
Le reportage de Guyane La 1ère :