Les communes calédoniennes sont-elles les "oubliées" du budget 2022 ?

L’Association française des maires de Nouvelle-Caledonie alerte quant au budget 2022 examiné la semaine prochaine au Congrès.
Réunis ce 25 mars à Dumbéa, cinq membres de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie alertent quant au budget 2022 de la Nouvelle-Calédonie. Un budget qui réduit de 700 millions de francs le très important "FIP fonctionnement".

Alcide Ponga maire de Kouaoua, Nicolas Metzdorf maire de La Foa, Georges Naturel maire de Dumbéa, Eddie Lecourieux maire du Mont-Dore et Pascal Vittori maire de Boulouparis : tous les cinq étaient réunis à l'hôtel de ville de Dumbéa, ce vendredi 25 mars. A l’ordre du jour, au nom de l'AFM-NC, le budget 2022 de la Nouvelle-Calédonie, dont ils disent que les communes sont les oubliées.

Un budget qui réduit de 700 millions de francs le FIP fonctionnement. Or, le FIP, c’est le Fonds intercommunal de péréquation, une des ressources les plus importantes allouées aux municipalités calédonienne. Leurs contraintes de fonctionnement sont financées à 80 % par ces recettes

Pour la première fois, on aura moins de ressources d’une année sur l’autre. Cela ne s’est jamais vu depuis 69 en Nouvelle-Calédonie, pour les communes.

Georges Naturel, maire de Dumbéa

"Pour certaines communes, cela va être compliqué. Une commune qui a un budget d’un milliard, on lui enlève 5%. Pour gérer tout le service à la population qui est obligatoire, ça va être très difficile", argumente le premier édile de la deuxième ville calédonienne. "Et il y en aura certaines qui auront de vrais problèmes de trésorerie."

Les maires ont participé à "l’effort de guerre", notamment face à la crise Covid, estime Eddie Lecourieux, maire du Mont-Dore. "On nous avait demandé de mettre en place des vaccinodromes et à chaque fois, une vingtaine de personnels de la ville travaillait. Ça nous coûtait 500 000 franc CFP, à chaque fois que l’on mettait un vaccinodrome en place. Ils nous ont demandé de mettre en place un hospitel. Donc on a réhabilité des logements. Ça a été une enveloppe de 25 millions."

On a vraiment joué le jeu, on a été présents et on se rend compte quand même qu’en échange, on ne nous aide pas.

Eddie Lecourieux, maire du Mont-Dore

Les cinq maires dénoncent un "manque de solidarité" du dix-septième gouvernement, malgré "un prêt de l’Etat de 21 milliards de francs CFP, que la Nouvelle-Calédonie dirige uniquement vers son budget propre", pointe Alcide Ponga, maire de Kouaoua.

Mes équipes, avec les chiffres qui nous sont parvenus ont fait le constat que nous étions à moins 30% en moyenne.

Alcide Ponga, maire de Kouaoua

"Sans parler de nos budgets annexes qui sont totalement déséquilibrés pour les petites communes comme les nôtres", ajoute-t-il.

Autre difficulté mise en avant, les cinq milliards sur 21 alloués par l’Etat, dédiés uniquement aux routes territoriales et non communales, ajoute Nicolas Metzdorf, maire de La Foa. " Le gouvernement, en gardant les cinq milliards pour son budget propre, c’est uniquement la RT1 qui va en profiter. C’est bien. Mais on rappelle que deux-tiers du réseau routier en Nouvelle-Calédonie, c’est le réseau communal et il est fortement dégradé."

On dit simplement au gouvernement de partager la recette de l’Etat.

Nicolas Metzdorf, maire de La Foa

Les maires demandent à être auditionnés par le président de la commission finances et budget au Congrès, avant l’examen du budget 2022 boulevard Vauban la semaine prochaine. Ils n’excluent pas, pour ceux élus au Congrès, de soutenir des amendements afin de réaffecter des crédits en faveur des communes.

Voyez aussi cette synthèse de Thérèse Waïa et Cédric Desbois :

©nouvellecaledonie