L'autosuffisance alimentaire, une perspective encore lointaine à Mayotte

Pour manger 5 fruits et légumes frais par jour à Mayotte, la production locale ne suffit pas. Il faut aussi en importer.
L'autosuffisance alimentaire est-elle possible à Mayotte ? Les candidats à l'élection présidentielle en parlent tous pour l'Outremer. L'occasion pour nous de faire un état des lieux des productions locales.

Les outremers, par leur éloignement sont impactés par la vie chère, accentuée par la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid-19.
Dans les différents programmes, les candidats à l'élection présidentielle évoquent la nécessité de l'autosuffisance alimentaire. L’importation des produits alimentaires est l’un des points communs des territoires d’outremer. Mayotte n’y échappe pas. Pire encore, elle n’exporte quasiment rien. L’aquaculture, qui avait pourtant laissé entrevoir un avenir prometteur a connu un déclin. L’élevage de poissons ne se fait plus, mettant ainsi un point final à leur exportation.

La vanille, l'ylang, le poivre, la cannelle et le curcuma sont des plantes produites localement et à valoriser.

Avant les poissons, c’était l’ylang, la vanille, qui étaient la vitrine de notre île d’où l’appellation "l'île aux parfums". Au fur des années, la production des plantes aromatiques s’est essoufflée. D’autres productions locales subsistent, mais les filières peinent à décoller.

Une agriculture vivrière

L’agriculture mahoraise est principalement vivrière. Dans la liste des légumes locaux, la banane verte arrive en tête par sa quantité. Le manioc, les aubergines, des différents brèdes, la salade sont cultivés et consommés dans le département. La tomate mahoraise a mauvaise réputation à cause des pesticides utilisés. Elles sont concurrencées par les tomates qui arrivent par avion à 10 euros le kilos.

Désormais à Mayotte, l'ananas est disponible toute l'année

En ce qui concerne les fruits, c’est par saison que se font les récoltes. Sauf pour l’ananas, qui est désormais commercialisé tout au long de l’année grâce au traitement d’induction florale. La mangue, la papaye et les agrumes restent des produits saisonniers. Manger 5 fruits et légumes par jour, n’est pas encore à la portée des Mahorais à moins d’ouvrir des boîtes de conserve.

Une filière avicole structurée

Pour consommer de la viande rouge, les Mahorais sont contraints de se diriger vers les congélateurs des supermarchés. L’élevage de bovins, d'ovins et de caprins est au stade embryonnaire. La viande de zébu local ne couvre pas les besoins de la population. Elle est vendue 15 euros le kilo, un prix jugé excessif.

A Mayotte, les zébus locaux ne suffisent pas pour les besoins de la consommation de viande bovine.

La filière avicole tire son épingle du jeu car elle est beaucoup mieux structurée. L’ouverture d’un abattoir de volaille en juillet 2021 a donné un coup d’accélérateur à la production de poulets locaux. Le département est quasi-autosuffisant en œufs, on parle de 80%. Malgré un faible tissu industriel, Mayotte fabrique son yaourt. Du 100% local qui rivalise avec d’autres produits laitiers dans les rayons. A l’heure où la pénurie plane et les prix s’affolent, l’autosuffisance alimentaire devient un sujet d’actualité, brandi par les candidats à la présidentielle comme principal moyen de lutte contre la vie chère en outremer.

Des exploitations agricoles sans eau ni électricité

Notre département se heurte à des situations de monopole. Seulement trois distributeurs, ajoutée à cela, une démographie galopante. En devenant une région ultrapériphérique, Mayotte peut bénéficier des fonds européens pour développer les filières existantes, mais les agriculteurs se heurtent à des problématiques administratives notamment concernant le foncier. Plus de la moitié des exploitations agricoles n’ont ni eau ni électricité.
Mayotte est encore loin de pouvoir compter sur elle-même.