L'élection de Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim annulée par le tribunal administratif

Mohamed Assani Abdou est celui qui a fait le recours contre ses adversaires. Le juge de première instance s'est prononcé en sa faveur.
Les électeurs du canton de Sada devront repasser aux urnes pour désigner leurs conseillers départementaux. Des signatures suspectes sont en cause.

A Sada, les électeurs sont habitués aux litiges électoraux. On se rappelle notamment de la période 2008 à 2015 où les élections municipales et cantonales ont été annulées à de nombreuses reprises. Et cette année, les électeurs du canton qui comprend les communes de Sada et de  Chirongui, vont y avoir droit également.

Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim s'étaient imposés d'une courte tête en juin 2021.

38 voix d'écart seulement

En effet, le binôme  Mariam Saïd Kalame et Mohamed Assani Abdou "Polo" a déposé un recours dénonçant des manœuvres visant à favoriser leurs adversaires Mansour Kamardine (qui est aussi député de Mayotte) et Tahamida Ibrahim (devenue 2e vice-présidente du conseil départemental). Tout d'abord, ils estiment que 242 de leurs électeurs ont été radiés des listes électorales à Chirongui sans motif valable. Par ailleurs, 84 d'entre eux, bien que réinscrits par le tribunal judiciaire de Mamoudzou, ont été empêchés de prendre part au second tour. Enfin, des signatures différentes entre le premier et le second tour ont été observées pour 57 électeurs. Et quand on sait que le ticket gagnant ne l'a emporté que de 38 voix, cela a eu un impact sur le résultat final. C'est ce dernier argument, suivi par le rapporteur public, qui avait demandé l'annulation des élections, qui a convaincu le juge administratif.

C'est un sentiment de satisfaction. Nous avons dénoncé des irrégularités pleines. Certaines ont été prises en compte, ce qui conduit à l'annulation de l'élection. Les électeurs pourront retourner aux urnes sereinement.

Mohamed Assani Abdou, candidat aux élections départementales dans le canton de Sada

Mariam Said Kalame, binôme de Mohamed Assani Abdou, a vu des membres de sa famille radiés des listes électorales.

En, revanche, les demandes de sanction d'inéligibilité et de suspension du mandat des vainqueurs n'ont pas été retenues. Leur complicité dans cette volonté de "vicier" l'élection n'a pas été établie et sur les 84 électeurs munis d'une ordonnance pour voter, seulement 30 n'ont pas pris part au scrutin.

Le Conseil d'Etat sera saisi en appel

A l'annonce de ce verdict, Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim ont réagi officiellement par voie de communiqué. Ils font savoir qu'ils feront appel en saisissant le Conseil d'Etat.

Nous prenons note de la décision du tribunal administratif d’invalidation de l’élection sur le canton de Sada-Chirongui et poursuivons notre implication au sein de l’assemblée départementale en attendant sereinement l’examen ultérieur par le Conseil d’Etat. L’heure est donc à la poursuite du travail sur des dossiers dans lesquels nous sommes engagés comme conseiller départemental et comme vice-présidente du Conseil départemental, notamment le développement du port, les finances et les affaires européennes.

Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim, conseillers départementaux de Sada

Communiqué du 07/02/2022

Concernant les différences de signatures, les élus LR notent "une méconnaissance de la culture régionale et du niveau d'instruction générale des électeurs, sans que les candidats ne sachent pour qui ceux-ci ont voté" par le tribunal administratif.
Le binôme s'interroge sur l'absence de suite de ses plaintes au pénal, pour corruption concernant ce scrutin et également la manipulation des listes électorales à Sada. Et il se félicite que les arguments concernant des manoeuvres frauduleuses aient été rejetés par le juge administratif, des accusations sans fondement destinées à salir leur réputation.

Nos adversaires vont saisir le Conseil d'Etat, c'est leur droit. Nous avons confiance en la justice. Le Conseil d'Etat ne fait pas de sentiment et ne fait que dire le droit. Notre équipe décidera si elle nous reconduit, mais nous sommes prêts.

Mohamed Assani Abdou, candidat aux départementales dans le canton de Sada

La saisine du Conseil d'Etat est aussi un moyen pour Mansour Kamardine de gagner du temps pour repousser éventuellement ce scrutin et faire campagne plus sereinement pour un troisième mandat à l'Assemblée nationale. Mais dans leur communiqué les deux élus LR préviennent :

Nous n’accepterons pas que les importantes échéances électorales de 2022 se déroulent dans les mêmes conditions de corruption que celles de 2021, car il en va du développement de Mayotte, de la crédibilité de la départementalisation et finalement des conditions de vie des Mahorais.

Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim

Communiqué du 07/02/2022

Mansour Kamardine à l'Assemblée nationale


L'examen de ce litige par le Conseil d'Etat ne devrait donc pas intervenir avant les échéances électorales de cette année. De quoi se donner le temps de la réflexion pour tous les candidats intéressés par l'hémicycle Bamana si une élection partielle doit se tenir.
Tahamida Ibrahim, 2e vice-présidente du département devrait en être. Pour Mansour Kamardine, le résultat des législatives devrait peser dans sa décision. Mohamed Assani Abdou et Mariam Saïd Kalame seront-ils reconduits par leurs partis ? Et que fera Anchya Bamana, qui a terminé en 3e position au premier tour en 2021 ? Le feuilleton électoral à Sada est loin d'être terminé.

Recours rejeté pour Mohamed Ali Hamid à Pamandzi

Daniel Zaïdani et Soihirat El Hadad restent les conseillers départementaux de Pamandzi. Seul binôme élu en 2015 et reconduit en 2021, le ticket Zaïdani-El Haddad avait vu son adversaire du second tour Mohamed Ali Hamid, qui faisait binôme avec Antubati Assani Bamcolo, faire un recours pour des irrégularités lors des opérations de vote. Lors de l'audience devant le tribunal administratif, le rapporteur public avait conclu à 5 voix litigieuses alors que la différence entre les deux adversaires étaient de 184 voix.
Le tribunal a donc confirmé l'élection du duo sortant.