La hausse du prix du poisson ne passe pas inaperçue, tant pour les consommateurs que pour les professionnels de la filière.
Sur le marché des produits de la mer de Lauricisque, à Pointe-à-Pitre, les clients expriment leurs préoccupations face à cette flambée des prix.
Colette, une cliente fidèle, note que son kilo de poisson est passé de 13 à 15 euros. "Quand c’est frais, de bonne qualité, j’en prends", dit-elle, bien qu’elle reconnaisse l’augmentation des prix. Claudie, une habituée du marché, partage ce sentiment : "De 10 euros, c’est passé à 14. C’est quand même cher", se désole-t-elle.
Les professionnels confrontés à des coûts croissants
Edwin Andirin, poissonnier à Lauricisque, comprend les frustrations de ses clients mais n’a guère de marge de manœuvre. "Les clients se plaignent tout le temps. C’est normal. Quand tu es habitué à acheter ton poisson entre 10 et 12 euros et que maintenant c’est entre 15 et 18 euros..." explique-t-il, tout en soulignant qu’il essaie de maintenir ses prix en dessous des 18 euros.
Mais pour lui, tout remonte à la source : les pêcheurs eux-mêmes achètent plus cher leur poisson en gros, avant de le revendre aux mareyeurs, qui ajoutent aussi leur propre marge. Cette chaîne d’intermédiaires fait que les poissonniers, à la fin, se voient contraints d’ajuster leurs prix pour rester rentables.
Une filière sous pression
La professionnalisation croissante de la pêche et les exigences de traçabilité ont aussi contribué à l’augmentation des coûts.
La répartition du prix du poisson se décompose ainsi : 50% pour l’armement et l’amortissement, 25% pour le carburant, 15% pour les salaires des équipages. Il ne reste que 10% de bénéfice net au pêcheur, soit environ 2,5 euros par kilo vendu.
Cette marge est bien en dessous du seuil de rentabilité, et les pêcheurs savent que s’ils répercutaient pleinement leurs charges, le kilo de poisson devrait se vendre "entre 15 et 20 euros en direct. Est-ce que c’est supportable pour les Guadeloupéens ? Non !", admet Charly Vincent, président du comité régional des pêches de Guadeloupe, conscient de l’impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
Des services qui ont un coût
Pour les consommateurs guadeloupéens, le poisson brut, acheté directement auprès des pêcheurs, reste l’option la plus économique.
Mais dès que le poisson est préparé, écaillé et vidé, son prix augmente de 2 euros au marché. Quant aux supermarchés, où le poisson est transformé en filets ou agrémenté, les prix montent encore davantage.