L’esclavage un tabou à Mayotte

L’esclavage à Mayotte
Le 27 avril marque la commémoration de l’abolition de l’esclavage à Mayotte, une date très peu connue dans le 101eme département.

Le 27 avril, on commémore l’abolition de l’esclavage, mais ici à Mayotte, cette date ne fait pas référence au 27 avril 1848, date de la promulgation par Victor Schœlcher, du décret interdisant la traite négrière en France.

Cette date renvoie au 27 avril 1846, date de l’abolition de l’esclavage, à titre expérimental, à Mayotte par le baron Mackau, ministre de la Marine et des Colonies.

Cette date a été choisie en 1982 par nos élus quand on commençait à s’intéresser à ce sujet de l’esclavage.

Pourquoi l’esclavage est-il tabou ?

Plusieurs explications, on a en premier lieu, l’esclavage arabo-musulman. On allait chercher des hommes et des femmes en Afrique continentale, on les a emmenés ici pour les asservir.

Mais des familles locales possédaient des esclaves. Des familles ont asservi d’autres familles. Difficile d’assumer ce passé esclavagiste et surtout ce passé de descendants d’esclaves. Avoir un ancêtre esclave est vécu comme une honte.

Les esclaves

Qu’est-ce qui reste de ce tabou ?

Du temps des sultans, la société était organisée en caste. Les kabaila sont nobles ou notables, qui se réclament d’une ascendance arabo-persane.

Le mungwana, c’est l’autochtone, (l’homme né libre, par opposition à l’esclave ou à l’affranchi). Le murumwa (esclave), mushendzi (Zenj, Africain païen, esclave), ou le makoa.

L'esclavage oriental

Aujourd’hui le langage exprime le mépris envers les esclaves, être traité de « mushendzi » ou « makoa » est une insulte.

Pour rappel, Makua est une ethnie de la côte est africaine, beaucoup d’esclaves viennent de cette ethnie. Mushendzi, vient de Zenji qui désignait une partie de la côte sud-est africaine.

Il aurait donné le mot Zanzibar. En opposition, être qualifié de « mustaanrabu » (faire comme l’arabe) est un compliment.

Le collorisme, un héritage de l’esclavage

Le collorisme encore fréquent aujourd’hui, vient de cette période esclavagiste. Beaucoup de personnes pensent qu’il vaut mieux avoir la peau claire que foncée. Cela renvoie à ce passé. Très souvent, 

Les makabaila ou les nobles se donnent et revendiquent une ascendance arabe (parfois malgache, dans les villages qui parlent malgache) – peau claire, nez fin, cheveux non crépus – pour attribuer à l’autre d’une origine mushendzi ou Makua – Africain, peau noire, nez épaté ou court, cheveux crépus.

Mlaili Condro

MLAILI CONDRO

Pour plus d’information à ce sujet, il y a cet ouvrage

Du déni mémoriel à la réalité historique

écrit entre autres par Mlaili Condro, l’historien Insa de Nguizijou ou encore Michel Charpentier.

L'historien Inssa de Nguizijou a participé à la conception de ce jeu de cartes Kibefte.