Les images ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux toute la nuit. Sur les vidéos, des flammes impressionnantes, une fumée omniprésente et des explosions intenses. De notre côté du Maroni, la population de Maripasoula était aux premières loges de ce spectacle de désolation.
« A 19h30, j’étais au fleuve avec la famille, et on a vu le feu en face, indique Lama Topo, premier adjoint de la commune. J’y suis resté jusqu’à ce matin, avec les gendarmes et les pompiers. Tout est consumé maintenant, mais les pompiers sont toujours là avec des motopompes et arrosent. Hier soir, il y a eu une collision entre deux pirogues et une personne a été portée disparue, mais elle a été retrouvée. » Au plus fort de l’incendie, l’inquiétude gagnait la population de Maripasoula. « Ces magasins vendent de l’essence, du gasoil, du gaz, poursuit Lama Topo. Il y avait d’énormes explosions, tout le temps et une fumée noire montait vers la commune. Les habitants avaient peur d’être intoxiqués. » Cette présence de produits inflammables rappelle que ce poste avancé, à Albina 2, s’est construit pour servir de base de ravitaillement aux orpailleurs du Suriname. Avec cette nuance : chez nous, ce sont les orpailleurs illégaux qui s’y approvisionnent.
Dans la nuit, pour porter assistance aux personnes qui ont cherché refuge à Maripasoula, la mairie a ouvert le gymnase municipal. Les gendarmes y ont accompagné moins d’une dizaine de personnes qui ont passé la nuit sur place sur des lits picots prêtés par l’armée. Toutes sont repartis au matin.
La solidarité s’est aussi déployée dans les logements gérés par l’Akatij. Les équipes de l’association, qui vient en aide aux personnes vulnérables, ont hébergé 13 personnes pour la nuit. « Douze sont reparties ce matin, la dernière avait besoin d’un soutien psychologique », indique la direction de l’Akatij.
Quatre blessés non graves
Quatre personnes blessées ont été prises en charge à l’hôpital de proximité de la commune. « L'alerte a été donnée à toutes les équipes de l'hôpital de Maripasoula à 20h12 », indique le Centre hospitalier de Cayenne (CHC), dont dépend la structure. Un plan d'accueil de victimes à l'Hôpital de Maripasoula à alors été mis en place en collaboration avec les personnels du service de santé des armées. Celles-ci étant chargées de faire le tri des blessés au degrad. L’ensemble de ces opérations s’est déroulées en coordination avec le Samu 973. « En dix minutes, précise le CHC, quatre médecins et une dizaine d'infirmiers et soignants de l'hôpital de proximité ont rejoint leur service et organisé un accueil dans l'ensemble des chambres et salles d'urgences équipées pour accueillir d'éventuels brûlés et blessés. »
Solidarité de la population Maripasoulienne
Les blessés se sont présentés à l’hôpital de proximité entre 23h50 et 8 heures du matin, une pour un malaise simple, deux pour des chutes et blessures sans gravité occasionnées en fuyant les lieux à pied ou en pirogue. Seule une personne a été traitée pour des brûlures superficielles. Elle a été traitée et sera surveillée sur place, son état ne nécessitant pas de transfert sur le littoral. Cette mobilisation rapide des équipes hospitalière fait écho à la solidarité qui s’est mise en place dans la commune : toute la nuit, des rotations incessantes ont été effectuées par la population pour évacuer la population d’Albina 2.
Ce n'est pas la première fois qu'Alibina 2 subit les ravages du feu: en 2019, dans la nuit de Noël, un violent incendie s'était déclaré faisant deux victimes, un couple de commerçants.