Se considérant comme les oubliés du déconfinement, les patrons des discothèques sont en colère. Dans le cadre d'un mouvement national, l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie a décidé de saisir le Conseil d'Etat en référé pour demander l'ouverture des discothèques dès le 30 juin.
"On parle de tout le monde, mais nous ne sommes toujours pas cités !" s'exclame Christine Rémy, la gérante de Pinkananas. La secrétaire de l'Union des Métiers des Insdustries de l'Hôtellerie de La Réunion et également vice-présidente de l'UMIH nuit, ne cache pas son amertume, tempérée par une envie d'aller de l'avant.
Le monde la nuit s'est endormi
"Le 14 mai, cela fera 14 mois que nos établissements sont fermés... Cela nous a laissé le temps de travailler sur notre colère et ce sentiment d'injustice partagé par tous les professionnels du monde de la nuit" confie Christine Rémy regrettant "d'avoir un outil de travail qui dort". Le réveil c'est sur l e terrain juriridique qu'il est attendu.
Sur le plan national, l'UMIH a introduit un référé-liberté devant le Conseil d’Etat, demandant l'ouverture des discothèques dès le 30 juin. Une action portée par l’UMIH Nuit, l’UMIH Rhône, l’UMIH Lot et Garonne, l’UMIH Nantes, l’UMIH Puys de Dôme, l’UMIH Pays Basque, l’UMIH Morbihan et l’UMIH Loir et Cher et des représentants d’exploitants de discothèques indépendants.
Leurs avocats, Maîtres Clarisse SAND et Frédéric NIEL, du Barreau de Paris, remettent en question le décret du 1er mai 2021 et du plan de déconfinement publié par le gouvernement le 30 avril 2021. Ils demandent au Conseil d'Etat d’intégrer en urgence les établissements de nuit dans le plan de déconfinement au même titre que les concerts et les mariages.
Les professionnels de la nuit arguent que les événements évoqués vont pouvoir se tenir librement à compter du 30 juin, alors qu'ils se déroulent de la même manière, en lieux clos, dans un contexte festif, avec de la danse et des boissons alcoolisées. "Sur quel fondement peut-il légitimement être invoqué un respect des gestes barrières dans un cas, et un risque de propagation épidémique dans l'autre ?" s'intéreroge l'UMIH qui insiste sur la discrimination dont sont victimes les discothèques, seul secteur d’activité à n'avoir aucune date de réouverture.
Une économie pesant 1 milliard d'euros en France
"Le secteur des discothèques en France comporte 1.600 entreprises, le chiffre d’affaires généré par ce secteur est d’environ 1 milliard d’euros et emploie près de 30.000 salariés" a déclaré Roland HEGUY, Président de l’UMIH.
La fermeture des discothèques a induit des dérives plus difficiles à canaliser selon Thierry FONTAINE, Président d'UMIH Nuit et d'Umih du Rhône. "Depuis notre fermeture, nous voyons se multiplier les soirées privées et fêtes clandestines sans aucune sécurité et sans contrôle. Notre profession est encadrée par le code de la santé publique et est responsable de la sécurité incendie, des nuisances sonores, de la protection contre l’ivresse publique, de la protection des mineurs, etc. Des mauvaises habitudes ont été prises par les jeunes, et il faut vite les faire revenir vers nos professionnels de la nuit ! ».
250 emplois à La Réunion
"La Réunion compte une vingtaine de discothèques" explique encore Christine Rémy qui rappelle que le personnel a été placé en activité partielle avec des aides de l'Etat et de La Région, qui permettent juste "d'éviter la fermeture de nos établissements et les 250 emplois du secteur". Elle garde toutefois une touche d'optimisme. "Si tous les restaurants, les musées, les cinémas et les salles de spectacles peuvent fonctionner à nouveau, c'est une lueur d'espoir pour nous. Nous verrons que cela ne génère pas de cluster... "
La gérante de boîte de nuit va plus loin "j'espère que les protocoles sanitaires stricts vont être levés. Si nous ne pouvons pas effectuer de service au bar, si nous devons fermer les pistes de danse et garder des distances de sécurité de 2 mètres, ou encore mettre en place une jauge de clients... cela n'aura pas beaucoup de sens d'ouvrir nos établissements!".
La décision du Conseil d'Etat fera date. Avec une attente partagée par les professionnels et tous les noctambules.