Ce mardi matin, la baie Phaëton présente un visage à deux faces. A la surface, des pirogues en fête. Sous l'eau, une faune et une flore en grand danger. Et une cérémonie culturelle aux allures de plan de sauvetage, en préparation. "Plusieurs projets mais je vais parler pour nous, notre projet avec ma classe de 1ère aquaculture, c'est de préserver la baie de Phaëton, notamment les requins-marteaux juste là, près du lieu de la cérémonie", explique Vaihei Paepaetaata, enseignante en éducation socio-culturelle au lycée agricole John Doom.
Dans l'assistance, des jeunes très engagés qui ont grandi ici et qui, au fur et à mesure du temps, ont vu la qualité de l’eau se dégrader. "On a découvert que la baie de Phaëton est très polluée par les entreprises environnantes, il y a Paihoro (le CET) juste à côté qui pollue beaucoup...C'est vrai qu'il y a des entreprises qui ne respectent pas les codes d'hygiène, certaines jettent leurs déchets dans la baie, ce qui pollue encore plus", constatent Toimata Lucas et Aniki Sanford, élèves de 1ère CPA (conduite de production aquacole).
Et pour pallier la surpêche dans les environs, il y a la mise en place d’un rahui ou pêche règlementée, dans la zone. Une proposition soutenue à l’unanimité par les maires de la côte ouest. "Si nous sommes réunis les 5 communes : Papara, Teva i Uta, Taiuarapu est, Taiarapu ouest et Hitia'a o te ra, c'est pour regarder autrement le développement de notre zone, c'est regarder dans la direction de Taravao, sans oublier Papeete, mais Afaahiti-Taravao est notre point de ralliement. Et à partir de là comment vivre économiquement, comment vivre dans un projet de société qui va respecter nos différences, notre culture, notre nature, et puis vivre heureux dans une zone qui a besoin d'être développée", estime Tearii Alpha, maire de Teva I Uta.
Aux alentours, des oiseaux nichent dans les arbres. Mais certains sont en voie de disparition. Comme le héron strié. Il ne reste que 9 couples seulement, recensés aux abords de la baie. "Eventuellement on peut aussi mettre le pétrel de Tahiti, le noha, qui est une espèce protégée aussi, souvent menacée par la pollution lumineuse, et la prédation des chats et des rats. Même chose aussi pour le héron, la prédation des chats et des rats, ce n'est pas que le défrichage", détaille Maya Mehau, assistante de direction à la société d’ornithologie de Polynésie.
Faire de la baie de Phaëton un sanctuaire pour requins-marteaux, une espèce vivipare en voie d’extinction. Et un rahui qui pourrait démarrer en septembre, le début de la période de reproduction. En novembre, la femelle met au monde ses petits, de 4 à 16 bébés requins...