Certains choisissent de faire contre mauvaise fortune bon cœur, comme ce père de famille qui vient tout juste d’acheter un ordinateur pour sa fille, afin qu’elle puisse suivre les cours de sa première année de collège.
Pour d’autres parents, assurer la continuité pédagogique s’annonce d'ores et déjà très compliqué. Devant le collège Auguste Dédé à Rémire-Montjoly, une maman confie ses craintes :
Ça suffit ! Déjà l’année dernière, ils n’ont pas bien suivi leurs études et cette année, ça va encore fermer. J’ai peur que les enfants perdent la volonté de continuer à apprendre. J’ai quatre enfants, alors un ordinateur pour chacun… Ou des horaires… Je peux le faire, mais je ne serai pas présente parce que je travaille. Le prof n’est pas là. Tout seuls, les enfants vont sur les jeux, ils ne vont pas vouloir travailler.
Au lycée Melkior-Garré à Cayenne, les élèves échangent leurs numéros, font la liste de qui a accès à internet, à un téléphone. Les dernières heures sont mises à profit pour s’organiser en petits groupes d’entraide.
Alors que l’année dernière a été marquée par des mois d’enseignement à distance, Claudiana, élève de seconde souligne la difficulté à préparer son avenir dans de telles conditions.
Beaucoup d’élèves n’ont pas la possibilité d’avoir le matériel ou les conditions pour travailler. Parfois, on habite à plusieurs dans une même maison… Et puis c’est toujours plus pratique d’avoir un prof à qui on peut poser nos questions. Ne pas pouvoir faire ça, c’est comme si on nous privait de notre apprentissage. On n’a pas forcément le temps de rattraper tout ça et ça devient vraiment embêtant. Beaucoup d’entre nous prennent vraiment leurs études au sérieux, c’est notre avenir ! Les confinements, les arrêts comme ça, ça rend vraiment la chose difficile
Quelques semaines seulement après la rentrée en zone orange, c’est donc la crainte du décrochage qui prévaut.
En Guyane, 15% des 15-17 ans ne sont plus scolarisés, contre 5% à l’échelle nationale.