La Guyane en avance sur son temps avec une usine de biostimulants bactériens pour les cultures tropicales

Dans le cadre du plan France Relance, la société kouroucienne Solicaz reçoit une aide de 518 000 euros. Une somme qui lui permet de construire son usine de fabrication industrielle de biostimulants bactériens pour les cultures tropicales. Un procédé unique au monde entièrement conçu en Guyane.

Un cocktail de bactéries très tonique élaboré à partir de micro-organismes issus des sols guyanais pour stimuler le métabolisme des plantes, les rendre plus vigoureuses, plus résistantes et les aider à s’élever en symbiose avec leur écosystème.

Au delà des éprouvettes, des microscopes et les appareils d'analyse, c'est le pari relevé par Solicaz, une société basée à Kourou depuis 12 ans, au cœur du campus du Cirad et de l’Unité Mixte de recherche des forets de Guyane.

Ces techniques d’agroécologie innovante placent la Guyane à la pointe de la science, alors que la population mondiale entame le virage de l’évolution de son agriculture.

« Nous sommes dans l’innovation totale. Il s’agit de procédés et de techniques naturelles qui s’inspirent du vivant. Nous avons la chance, même si nous sommes un petit laboratoire, d’être très en avance sur ce sujet au niveau mondial. Notre spécialité : les cultures tropicales. »

Elodie Brunstein co-fondatrice et gérante de Solicaz


Nés du travail de plusieurs années de tests, d’essais en collaboration avec plusieurs agriculteurs des Savanes et surtout de l’expérience acquise dans la revégétalisation des sites miniers, ces mélanges énergétiques sont dotés de plusieurs propriétés :

  • Une aide à auto-alimentation des plantes qui permet la hausse de leur apport nutritionnel
  • L’activation de la pousse des plantes grâce à des hormones de croissance naturelles
  • L’amélioration de la résistance aux changements climatiques et environnementaux, en particulier la sécheresse
  • La régénération et l’amélioration de la fertilité des sols contaminés 
Elodie BRUNSTEIN, co-fondatrice et gérante de Solicaz.

Choux, salades, concombres, tomates, mais aussi bananes, patates douces, papayes ou ananas. Chaque végétal dispose de sa solution énergétique concoctée sur mesure.

« Pour certaines cultures, comme celle du concombre, nous avons réussi à augmenter les rendements de plus de 50 % en Guyane. Juste avec ce procédé naturel. »

Elodie Brunstein co-fondatrice et gérante de Solicaz


D’autant que ces biostimulants bactériens sont simples utiliser pour les agriculteurs : il suffit de les épandre à la manière du lisier. Financièrement, ils ne s’avèrent pas plus coûteux que les engrais traditionnels.

« Notre petit plus, c’est l’expertise, le diagnostic au cas par cas. Nous allons, certes, fabriquer une solution de biostimulants bactériens générale mais nous saurons aussi en créer des spécifiques en fonction des besoins précis de chaque agriculteur. »

Nicolas Coulin, Responsable du laboratoire et de la production des biostimulants


Au Pérou et en Colombie, Solicaz travaille déjà avec des producteurs de Cacao dont les sols ont été pollués par les métaux lourds comme le cadmium, le plomb, le nickel…. Ou le mercure. Les micro-organismes conçus par Solicaz leurs permettraient de décontaminer les champs.

Au Sénégal et en Côte d'Ivoire, les chercheurs guyanais interviennent pour limiter les effets de la sécheresse.

Nicolas COULIN, Responsable du laboratoire et de la production des biostimulants

Face aux enjeux de l’agriculture au niveau mondial, Solicaz a donc décidé de voir plus grand et de se doter d’une usine de fabrication industrielle de biostimulants bactériens. Un projet dont le montant total s’élève à 2,6 millions d’euros.

200 litres par mois de solution de biostimulants bactériens début 2022

La petite entreprise kouroucienne a même reçu un coup de pouce de l’État de 518 000 euros par le biais du plan France Relance.

Dans un premier temps, le laboratoire de 80 m2 va être réaménagé afin de fournir environ 200 litres par mois de solution de biostimulants d’ici janvier.

Une usine de 300 à 400 m2 à Macouria

En parallèle, à Macouria, en bordure du CD5, une usine de 300 à 400 m2 sortira de terre, équipée de gros fermentateurs, des cuves géantes à l'image de celles utilisées pour la bière. Elle sera opérationnelle fin 2022 pour une production souhaitée d’1 millions de litres par an. La posologie moyenne étant 20 litres de solution pour un hectare.

L’ambition de l’équipe de Solicaz est de commercialiser son produit pour les agriculteurs du monde entier. Après l’Amérique du sud, les Antilles et la Réunion font déjà appel à l’expertise guyanaise pour booster la pousse de la canne à sucre.

Ce développement de l’activité s’accompagne déjà d’une croissance pour la petite entreprise dont l'équipe passera d'ici un an de 7 à 30 salariés.

Enfin, Solicaz réfléchi aussi à la commercialisation, d’ici deux ans, d’un kit de biostimulants pour le grand public. Un assemblage de produits pour les jardins créoles et les potagers familiaux des amateurs d'horticulture.