La Martiniquaise Lise-Marie Ranner-Luxin lance un site d’information

L'histoire de la Martiniquaise Lise-Marie Ranner-Luxin.
Après avoir travaillé à Marie-Claire et à l’AFP, Lise-Marie Ranner-Luxin a lancé son propre média culturel le 14 septembre 2021. C’est un défi pour cette femme de 52 ans qui chérit le souvenir de sa mère, morte assassinée à Fort-de-France.

Difficile pour Lise-Marie Ranner-Luxin d’évoquer la Martinique sans repenser à son enfance et à son drame. En 1967, son père rencontre sa mère. Lui a fait la guerre d’Algérie et souffre d’un stress post traumatique. Elle a 17 ans et est enceinte de ses œuvres. Émoi dans la famille de la jeune fille qui presse l’appelé d’épouser son élue.

La mère de maman demande réparation en exigeant que papa se marie avec sa fille pour sauver son honneur. Mais mon père est déjà engagé auprès d’une autre femme qui fait des études en Métropole et dont il est amoureux. Il refuse mais accepte de reconnaître l’enfant. À ma naissance, ma mère n’ayant pas le temps de s’occuper de moi, mon père me confie à sa mère. 

Lise-Marie Ranner-Luxin

Lise-Marie à l'âge de 5 ans.

Lise-Marie grandit ainsi auprès d’une grand-mère aimante et la suit lorsque celle-ci part s’installer à Saint-Mandé (Val-de-Marne en région Île-de-France). À 5 ans, la fillette est arrachée à ses jeux innocents. Elle rentre en Martinique pour assister à l’enterrement de sa mère, assassinée de plusieurs coups de couteaux par son nouveau compagnon, jaloux et violent.

Je me rappelle parfaitement du voyage en avion et des personnes qui s'affairent autour de moi. C’est ma première veillée. Je me souviens également du prêtre qui met ma main sur le cercueil et qui me demande de réciter après lui. C'est un texte d'adieu pour ma mère. J'apprendrai plus tard que ce sont les dommages et intérêts auxquels le meurtrier a été condamné ainsi que l'État et les assurances qui financent mon éducation.

La Martiniquaise Lise-Marie Ranner-Luxin.

Les années passent avec des allers retours entre la grisaille parisienne et le soleil de son île natale où l’adolescente se fixe en 1981 : le collège du Morne-Rouge puis le lycée de Bellevue et enfin le campus de Schœlcher. Lise-Marie fait son droit. Elle "adore" cette discipline et tient "en haute estime" un de ses professeurs avant de découvrir, "troublée", que cet ancien avocat a défendu l’assassin de sa mère, lors de son procès.

De retour à Paris après sa maîtrise, Lise-Marie entreprend des études de journalisme et de cinéma. Elle enchaîne en parallèle des petits boulots "extraordinaires", comme attachée de presse du styliste italien Gianni Versace ou chargée de communication au ministère de la Culture, au moment où Jack Lang lance de grands chantiers.

J’ai décroché mon premier job de journaliste à Marie- Claire. Ensuite je pars travailler à New-York. Les Américains trouvent que je ressemble à Janet Jackson. Toutes les portes s’ouvrent comme par magie. Je me fais des amis comme les Boyz II Men, Puff Daddy, Jay-z, Spike Lee. Je finirai par rencontrer Janet Jackson au Buddha-Bar à Paris. Et là, elle me dit étonnée : c’est vrai qu’on se ressemble ! 

Lise marie avec les Boyz II Men (groupe de RnB originaire de Philadelphie aux États-Unis).

À Paris, Lise-Marie entre à l’Agence France Presse (AFP). Mais, quelques années plus tard, lassée de raconter la vie des autres, elle décide de se recentrer sur la sienne et de faire une pause, le temps de fonder une famille et de s’occuper de ses deux enfants.

En 2020, Lise-Marie s’applique l’adage bien connu dans son métier : le journalisme mène à tout, à condition d’en sortir. Elle se lance dans une nouvelle aventure aux côtés du "roi des forains". La Martiniquaise est candidate aux élections municipales sur la liste "Libérons Paris" menée par Marcel Campion.

Je le connais depuis que je suis enfant. Ma grand-mère m’emmenait à toutes ses fêtes foraines. Quand il m’a proposé de le rejoindre, j’ai accepté. Je ne savais rien de la politique. C’était un challenge pour moi. Mon fils a réquisitionné ses copains pour m’aider à coller les affiches. Je me suis retrouvé face à Anne Hidalgo dans le 11è arrondissement. Je n’avais aucune chance !

Lise-Marie Ranner Campion aux élections municipales en 2020 à Paris.

Aujourd’hui, Lise-Marie renoue avec la presse. Sur les conseils de son ami Amobé Mévégué, présentateur de France 24 et TV5 décédé récemment, elle vient de lancer un site d’information axé sur la culture : Rapporteuses.com.

"Le nom n’a pas été choisi au hasard. Il y a la racine rap, pour la musique que j’aime. Rapporter, c’est aussi dénoncer. On interdit souvent aux enfants de le faire, alors que ce sont eux qui détiennent la vérité", souligne la jeune femme.

Lise-Marie Ranner-Luxin a lancé son propre média culturel le 14 septembre 2021.